Grand débat national : la laïcité introduite parmi les sujets phares, Macron critiqué

« Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’État et les religions de notre pays ? » C’est une des questions posées par Emmanuel Macron dans sa « Lettre aux Français » publiée dimanche 13 janvier. Alors même que cette thématique ne figure aujourd’hui pas parmi les grandes préoccupations des gilets jaunes, le président a ainsi décidé de l’introduire parmi les sujets du grand débat, lancé officiellement mardi 15 janvier, à l’heure où le projet de modification de la loi de 1905 est en discussion.

Emmanuel Macron a exprimé à Bourgtheroulde, en Normandie, sa vision d’une « vraie réforme ambitieuse pour renforcer la laïcité » en France. « Ce n’est pas une loi contre une religion ou une autre, ce n’est pas une loi de neutralité de la société – il y a une neutralité de l’État et des services publics – mais (une loi, ndlr) qui permet dans la société une concorde », a plaidé le président français. Abordant rarement ce sujet en public, il a rappelé que la laïcité est associée à la liberté « de croire ou de ne pas croire, de croire à toutes les religions sans être ennuyé, et de respecter absolument toutes les lois de la République en croyant à religion ou pas ».

Cependant, aborder la thématique dans le cadre du grand débat fait grincer bien des dents. Jean Baubérot, spécialiste en histoire et en sociologie de la laïcité, a expliqué à l’AFP la non-pertinence du choix de parler de laïcité « alors que l’insatisfaction des « gilets jaunes » est surtout socio-économique ». Il a exprimé sa crainte que ce débat « renforce l’idée que la laïcité est une opinion et que chacun peut avoir son opinion sur la laïcité, et que le débat se fasse sans référence au droit et aux principes juridiques ».

De son côté, l’ordre de la franc-maçonnerie a reconnu craindre un nouveau « sujet de division ». Édouard Habrant, grand maître de la Grande loge mixte de France, a souligné des termes « confus » dans la mesure où « la laïcité est un principe d’organisation, essentiel, mais pas une valeur ».

L’Observatoire de la laïcité a assuré, pour sa part, qu’il « s’investira dans le débat (…) pour donner des éléments objectifs de pédagogie sur les mesures prises et la gestion du fait religieux ces dernières années ».

 

Saphirnews

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

Nos services s'adressent aux organisations publiques ( Loi de 1905) et aux organisations privées.

Articles recommandés