Une femme sortie d’un bureau ultra-orthodoxe pour qu’un rabbin puisse voter

Les fidèles du chef de la dynastie hassidique Gour auraient réclamé l’intervention de députés du Likud après qu’un membre du bureau, une femme, a refusé de partir à Bnei Brak

Une femme du Likud qui travaillait dans un bureau de vote de la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak pendant les élections, mardi, a été contrainte de quitter son poste à la demande du chef de la secte hassidique Gour, le rabbin Yaakov Aryeh Alter, selon un article paru vendredi dans Haaretz.

La femme a tout d’abord refusé de partir et les fidèles du rabbin ont contacté des membres du Likud siégeant à la Knesset qui sont intervenus, a précisé l’article.

Les législateurs ont alors envoyé un responsable masculin du parti au bureau de vote pour remplacer la femme « qui est allée déjeuner » – permettant ainsi au rabbin de mettre son bulletin dans l’urne.

Des sources ont dit à Haaretz que lorsque les fidèles avaient remarqué la présence de cette femme dans l’enceinte du bureau de vote, ils avaient su que « dès le début, ce serait un problème ».

« Ils ont presque tout fait pour la convaincre de partir. Ils lui ont même offert de l’argent », a confié la source.

L’un des fidèles d’Alter a dit vendredi à Haaretz que le rabbin n’avait pas eu l’intention d’insulter la femme mais qu’il avait vu dans sa présence dans le bureau « une affaire de respectabilité ».

« Le rabbin ne reçoit pas les femmes et il ne les regarde pas », a-t-il dit. « C’est exactement la même chose que de consentir à une demande spéciale émanant d’un Premier ministre ou d’un président. »

Alter est l’Admor, ou chef, du mouvement hassidique Gour et il est le puissant patron du vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman de Yahadout HaTorah.

Le responsable de la commission électorale du Likud, Yaakov Vidar, a minimisé l’incident, disant que le parti avait « changé son personnel comme cela s’est avéré nécessaire » au cours de cette journée électorale effrénée.

Les communautés ultra-orthodoxes tentent fréquemment d’imposer une séparation entre les hommes et les femmes. Les deux sexes ne se mélangent pas à la synagogue ou lors des mariages, et les hommes et les femmes qui ne sont pas parents s’abstiennent de tout contact physique.

Ils ont également essayé de mettre en place une séparation des sexes dans les transports publics, une initiative considérée comme illégale par la Cour suprême. Les exemples d’hommes ultra-orthodoxes refusant de prendre place aux côtés d’une femme, dans les avions, sont aussi fréquents.

La majorité des médias ultra-orthodoxes au sein de l’Etat juif – qui comprennent quatre quotidiens, deux hebdomadaires majeurs et deux sites internet très fréquentés – refusent de la même manière de montrer des images de femmes, clamant qu’il s’agirait d’une violation de la pudeur.

 

The Times of Israël

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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