Après un été annoncé caniculaire malgré une pluie qui s’est invitée dans de nombreuses régions, la rentrée sociale des Français risque, elle, d’être brûlante. Les esprits déjà chauds le seront davantage après la récente série d’annonces de hausses de prix et de taxes diverses par le gouvernement Borne, dont le budget à l’Assemblée sera très certainement adopté, à défaut d’être voté, grâce au 49.3. Un gouvernement qui, pour la première fois, porte bien son nom au vu de son incapacité à cerner les véritables problèmes des Français. La surchauffe est déjà dans les esprits contre un gouvernement jugé incompétent par une majorité de Français avec, en arrière-plan, un président Macron très impopulaire. Impopularité légitime d’un État qui œuvre ces cinq dernières années à accentuer la paupérisation des Français pendant qu’une hyperclasse continue de s’enrichir. Est-il utile de rappeler qu’en deux ans de Covid, les milliardaires ont doublé leur fortune pendant que les TPE-PME, premières pourvoyeuses d’emplois, ferment en cascade en France.
Alors que les stigmates des émeutes de juin dernier sont encore présents dans certaines villes, la colère de nombreux citoyens à bout risque bien de les raviver. Les classes moyennes, jusque-là relativement épargnées par la crise, sont happées par l’inflation ou plutôt l’hyperinflation, vu la hausse exponentielle des prix des produits du quotidien ces derniers mois. Dans les médias, il n’est désormais plus question de consommation mais de déconsommation afin de mieux préparer les Français à se restreindre à l’avenir. Nous vivrons plus pauvres au prétexte fallacieux d’une nature moins généreuse. C’est ainsi que des thématiques alarmantes autour de la météo sont insidieusement assénées à la télévision sur une activité humaine qui serait responsable du désordre climatique. L’ère de l’abondance laissera place à l’ère de la restriction. Mais pas pour tout le monde. Là encore, comme pour le Covid, l’abondance ne profitera qu’à l’hyperclasse, une minorité qui regardera d’en haut le peuple souffrir.
En cette rentrée, alors que les Français triment en silence, la classe politico-médiatique n’a pourtant rien trouvé de mieux que de nous occuper avec un narratif déconcertant, celui de l’abaya, robe longue présentée à tort comme un apparat religieux. L’abaya, vêtement ample, est avant tout portée lors de la prière, mais pas nécessairement, au même titre que le qamis pour les hommes. Elle ne répond à aucune prescription religieuse comme pourrait l’être le voile. Dans ce cas précis, c’est avant tout une mode vestimentaire davantage qu’une tenue religieuse. Un vêtement porté par des jeunes filles souvent ignorantes des préceptes de l’islam, un épiphénomène relevant d’une mode lancée ces dernières années par des jeunes Africaines d’origine subsaharienne, suivi par les Maghrébines, où l’islamisation des apparences est la norme et où le caractère religieux reste relégué au second plan. Des gamines pour beaucoup mal à l’aise avec leur corps, qui imitent les tenues vestimentaires des femmes du Golfe qu’elles suivent sur TikTok ou Instagram. Des jeunes filles qui envisagent aussi le mariage, persuadées que la pudeur est dans l’apparence, et convaincues de trouver un époux sérieux sur le même registre. Baignées dans l’islam de marché, ces jeunes femmes, qui s’affichent en permanence sur les réseaux sociaux, n’ont pour la plupart jamais lu le Coran. À l’instar du burkini, plus les médias parleront de ce phénomène, plus il s’accentuera.
Là encore, la rhétorique autour d’un sujet maladroitement rattaché à l’islam n’a d’autre but que de détourner l’attention des Français en agitant le fléau de la division, car il est surtout question ici de dégrader encore plus l’image de cette religion tout en semant la discorde. Cette histoire de chiffon fait bien entendu la part belle aux Frères musulmans qui depuis des années oeuvrent pour islamiser la société française par le bas, en se focalisant sur le corps de la femme. Il est urgent que les musulmans eux-mêmes mais aussi leurs instances représentatives, fassent leur autocritique et soient force de proposition pour restaurer les vraies valeurs de l’islam.
Même si la recette autour du facteur identitaire fonctionne depuis des décennies avec en arrière-plan les questions autour de l’immigration, elle semble éculée. L’immonde est déjà là avec sa Bête de l’évènement. Et, pendant que le pays traverse une crise de valeurs sans précédent, les projecteurs sont braqués sur des gamines vêtues de robes longues. Triste époque.
Fatima Achouri