Billet du jour

La mise au grand jour des violences faites aux femmes et aux enfants a libéré la parole des victimes, brisant l’idée que la famille serait un lieu sûr, un cocon protecteur. Mais alors qu’avant on lavait son linge sale en famille, maintenant on le fait en public. Les réseaux sociaux sont devenus des espaces chaotiques où toutes les formes de violences se côtoient, entre récits (pseudo)cathartiques et avidité de sensations, un déballage où il est bien difficile de faire la part entre le vrai et le buzz des bas-fonds. Un espace comme disait le sociologue Z. Bauman où la différence entre l’espace contrôlé et l’espace incontrôlé est la même qu’entre civilité et barbarie

Dans le tourbillon des réseaux sociaux, l’éthique n’est pas la règle. Hormis la démarche égotique, il y est surtout question de tirer profit de tout ce que le dieu argent autorise, où le drame d’un inceste est vendu comme une vulgaire marchandise, où la réparation de la victime dépend du succès commercial. Chez ces individus, l’éthique n’a pas disparu, elle n’a jamais existé. Des réseaux sociaux où le moi promu n’est pas entier mais plutôt fractionné, montré sous un certain angle, moral comme immoral, vrai comme faux. La présentation du soi ne va pas plus loin que celle des apparences. Des réseaux où chacun est libre, mais libre dans sa propre prison.

F. Achouri

Sociologue.

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