Gaza: au moins 65 personnes tuées jeudi, l’Espagne dénonce un génocide

Au moins 65 demandeurs d’aide ont été tués jeudi à Gaza, portant à 550 le nombre de victimes mortes alors qu’elles cherchaient de la nourriture depuis la mise en place en mai du controversé mécanisme de distribution d’aide israélien.

La bande de Gaza a vécu jeudi une nouvelle journée meurtrière, avec 65 personnes tuées par l’armée israélienne, selon les secours. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dénonce un génocide.

Plus de 60 personnes ont été tuées par des tirs israéliens dans différents secteurs du territoire palestinien, selon un bilan mis à jour dans la soirée par la Défense civile de Gaza.

Sept d’entre elles ont été tuées alors qu’elles attendaient de recevoir de l’aide, a précisé la porte-parole de cette organisation de premiers secours, Mahmoud Bassal.

Après plus de 20 mois d’un conflit dévastateur, la population de Gaza est au bord de la famine, alerte l’ONU.

L’armée israélienne a dit « examiner » des informations faisant état de blessés près du carrefour de Netzarim (centre), où des gens s’étaient rassemblés. Des soldats « ont tenté d’empêcher les suspects de s’approcher et tiré des coups de semonce », a-t-elle indiqué.

– « Génocide » –

Israël a partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé au territoire palestinien début mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

Les autorités israéliennes ont mis en place un mécanisme de distribution d’aide piloté par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), mais ses opérations de distribution de colis alimentaires donnent régulièrement lieu à des scènes chaotiques meurtrières.

Depuis fin mai, près de 550 Gazaouis ont été tués à proximité des sites d’aide humanitaire, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée poursuit ses frappes et opérations à Gaza, dans le cadre d’une offensive visant, selon les autorités, à anéantir le groupe de resistance palestinien Hamas.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, l’une des voix les plus critiques au sein de l’UE contre le gouvernement israélien,  a qualifié jeudi de génocide la guerre dans la bande de Gaza. 

Il a réclamé « un accès immédiat et urgent à l’aide humanitaire » dans le territoire palestinien, sous le pilotage des Nations Unies.

La guerre israélienne à Gaza a tué depuis le 7 octobre 2023 plus de 56.000 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, jugées fiables par l’ONU.

Jeudi, des Palestiniens se sont réunis dans la cour d’un hôpital de Deir al-Balah (centre) devant des sacs mortuaires tâchés de sang contenant les corps de leurs proches tués dans une frappe israélienne.

« Ils ont tué le père, la mère et les frères, seulement deux filles ont survécu. L’une est un bébé âgé de 14 mois, l’autre a cinq ans », a déploré une femme endeuillée.

– Pression croissante – 

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a qualifié mardi de « crime de guerre » l’utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza, exhortant l’armée israélienne à « cesser de tirer sur les personnes qui tentent de s’en procurer ».

« Le soi-disant +mécanisme+ d’aide récemment créé est une abomination (…) C’est un piège mortel », a fustigé Philippe Lazzarini, responsable de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

La GHF a nié que des incidents meurtriers se soient produits à proximité immédiate de ses points d’aide.

Les Etats-Unis ont annoncé jeudi avoir débloqué 30 millions de dollars pour financer cette organisation qui a recours à des contractuels armés pour assurer la sécurité de distribution. 
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, de son côté,  annoncé avoir effectué mercredi sa première livraison de fournitures médicales à Gaza depuis le 2 mars, mais déploré qu’il ne s’agisse que d’une « goutte d’eau dans l’océan ». 

Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain de guerre, la presse n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans fournis par les organisations opérant sur place.

Mercredi, le président américain Donald Trump a déclaré que de « grands progrès » avaient été réalisés en vue d’un cessez-le feu à Gaza, alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, fait face à une pression croissante de l’opposition, de proches d’otages détenus à Gaza et même au sein de sa coalition, pour mettre fin aux combats. 

Le Qatar, principal médiateur, a annoncé mardi le lancement d’une nouvelle initiative en faveur d’un cessez-le-feu. 

Un responsable du Hamas, Taher al-Nunu, a déclaré mercredi que les discussions avec les médiateurs s’étaient « intensifiées ». 

Le gouvernement israélien a affirmé que les efforts pour ramener les otages du 7 Octobre encore retenus à Gaza – 49 dont au moins 27 sont morts -se poursuivaient « sur le champ de bataille et par le biais de négociations ». 

TRT Global

F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

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