Les musulmans inquiets pour leur image

Après la tuerie de Bruxelles, comment la communauté musulmane va-t-elle réagir alors qu’elle craint de nouvelles stigmatisations à son égard ? « Prise en otage entre la radicalisation religieuse de certains de ses membres et le climat à tendance xénophobe qui s’installe en Europe » sa situation est délicate. La grande mosquée de Paris © dalbera /  flickr

Le crime au Musée juif de Bruxelles aura des conséquences à la fois sur  la politique sécuritaire, mais également sur le sentiment de sécurité et la stigmatisation envers les musulmans, en Belgique et en  France.

Ce crime est pourtant « en totale opposition avec les valeurs islamiques et humaines », explique un communiqué du Centre islamique et culturel de Belgique. Rien n’est simple pourtant pour cette communauté musulmane « prise en otage entre la radicalisation religieuse de certains de ses membres et le climat à tendance xénophobe qui s’installe en Europe » analysait mardi La Libre Belgique. « Cette tragédie fait énormément de tort à notre communauté », y reconnaissait Noureddine Smaïli, le nouveau président de l’Exécutif des musulmans de Belgique.

« Depuis longtemps, nous veillons à conserver le dialogue interreligieux avec les communautés chrétienne et juive. La fraternité humaine est un principe fondamental de l’islam. Cet acte vient salir le message de tolérance, d’ouverture et de paix que nous cherchons à véhiculer ».

Le problème de la Syrie et non celui des mosquées

« Je reçois souvent dans mon bureau des jeunes qui veulent aller se battre en Syrie », raconte de son côté Dahmichi Abdelkader, jeune imam de la mosquée de Bruxelles. « Une véritable propagande a lieu sur les réseaux sociaux et certains, les plus jeunes ou ceux qui ont moins de ressources, se laissent convaincre. »

« Pour Hawa Djabali, directrice du Centre culturel arabe laïc et indépendant, ce n’est pas un problème religieux, mais social. Il n’y a pas de djihadistes en Belgique, simplement des gosses qui cherchent à exister, martèle celle qui pointe ouvertement du doigt la responsabilité des politiques belges. Certains jeunes se sentent exclus dans des écoles qui les encadrent peu, dans une culture qu’ils ne parviennent pas à intégrer et dans une société où les délits de faciès sont encore très présents. Il ne faut pas chercher la cause du problème dans les mosquées. La radicalisation et le départ de jeunes vers la Syrie n’est rien d’autre que le résultat de problèmes de notre société, ajoute-t-elle, en dénonçant au passage les dangers des amalgames récurrents entre pratique religieuse et position politique. »

Des gestes instrumentalisés

Du côté du président de l’Union des mosquées de France et du Conseil Français du Culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, les craintes sont les mêmes.

Ces fusillades « défigurent l’image de l’islam et des musulmans » et viennent entretenir « la souffrance morale des musulmans de France face à l’instrumentalisation insupportable de leur religion par des terroristes » expliquait-il sur Radio Vatican.

L’objectif de la formation

Du coup, « le président honoraire du Conseil Français du Culte Musulman appelle les responsables musulmans, imams et aumôniers musulmans en prison, à organiser des états généraux contre le radicalisme religieux, afin « de permettre une réflexion profonde et sérieuse sur les causes et les mécanismes de ces dérives » précise encore la radio.

Même son de cloche en Belgique, où « Noureddine Smaïli souhaite quant à lui proposer à tous les imams une formation pour mieux repérer les situations à risque. « Le seul moyen de lutter contre ce fléau, c’est l’information ».

 

La Vie

F. Achouri

Sociologue.

Nos services s'adressent notamment aux organisations publiques et privées désireuses de mieux comprendre leur environnement.

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