823 cheminots de nationalité ou d’origine marocaine ont demandé « réparation » à la SNCF pour les discriminations qu’ils ont subies au cours de leur carrière. Certains des plaignants sont encore en fonction et approchent de la retraite, d’autres sont déjà retraités, et certains mêmes ne sont plus parmi nous et sont donc représentés par leurs ayants droits. Ils reprochent tous à la société de chemin de fer, la différence de traitement et le manque d’égalité avec les autres salariés de nationalité française. A noter que ce n’est pas la première affaire de discriminations au sein de la SNCF.
Plainte pour discrimination et différence de traitement
C’est vendredi 27 mars dernier que s’est achevé la fin des examens des plaintes au Conseil des Prud’hommes de Paris. Le jugement de l’affaire a débuté le lundi 23 mars dernier. Les plaintes des employés ou ex employés de la SNCF ont été examinées. Cela fait maintenant 10 ans que cette affaire judiciaire est en cours.
La plupart de ces plaignants ont été recrutés dans les années 1970 par la SNCF. Ils reprochent à la SCNF de leur avoir infligé une différence de traitement par rapport à leurs collègues français. Les discriminations se manifestaient dans la différence de salaires, de statut, la difficile accessibilité à certains postes malgré les années d’expérience, l’ancienneté non reconnue, pas de promotion interne… alors que leur contrat « travailleur étranger » stipule le « droit au même régime de travail que les ouvriers français ».
« Quand ils sont venus nous chercher au Maroc, ils nous ont dit que nous ferions le même travail que les Français, que nous serions traités comme les Français, mais on a jamais eu les mêmes avantages » déplore Mohamed Benatta dans son entretien pour Le Nouvel Observateur.
Les carrières de ces plaignants ont été bloquées notamment en raison de la non possession de la nationalité française. Pourtant, ils effectuaient le même travail que leurs collègues français. Pour ceux qui ont pu acquérir par la suite la nationalité française, il était trop tard.
« J’ai formé des collègues qui, eux, ont évolué et sont devenus mes chefs, c’est très frustrant », témoigne un autre Marocain pour le quotidien Le Monde et toujours employé à la gare de Lyon.
Les plaignants ont réclamé 400 000 euros de dommages et intérêts. Un total qui s’élèverait pour la SNCF à 350 millions d’euros.
D’autres cas de discrimination dans le passé
Ce n’est pas la première fois que des scandales entachent l’image de la SNCF. Beaucoup d’entre eux concernent des employés de la société qui adoptent des comportements racistes, sans que ceux-là ne soit inquiétés par leur employeur.
C’est le cas par exemple de l’affaire révélée par Mediapart qui s’est procuré deux rapports internes de l’entreprise, stipulant que des agents de la sécurité ferroviaire de Montpellier ont diffusé un SMS raciste et des chants néonazis au sein de leur local dans une gare. La SNCF n’a pas sanctionné ces comportements même s’ils ont été qualifiés de contraire à l’éthique et susceptibles de poursuites pénales.
En 2011, la SNCF a été condamnée en appel à verser 8000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral à Alain Ngamukol, un ancien agent de la SUGE de Goussainville. En raison de sa couleur de peau, la victime avait dû subir des moqueries comme « Cela te fait quelle sensation de marcher avec des chaussures ? » ou « Alors, ça te fait quoi de voir la neige pour la première fois ? ». Aucune sanction n’avait été prise contre les harceleurs.
Ajib.fr