En Avignon, la mairie accusée de vouloir « débaptiser » certaines écoles publiques

Depuis une semaine, la mairie de la cité des papes est dans la tourmente à la suite d’un article de la presse locale concernant un projet de modification des noms d’écoles.

« La mairie chasse les saints des écoles ». Vendredi 20 avril, dans sa Une au ton accusateur, Vaucluse Matin a détaillé un supposé projet de la mairie d’Avignon : celle-ci aurait pour volonté de « débaptiser » les écoles publiques portant des noms de saints, pour leur donner des noms de figures publiques. Ainsi, des établissements scolaires portant le nom de Saint-Roch ou de Saint-Jean seraient renommés selon des propositions faites par les écoles et leur direction.

Les différents témoignages des élus municipaux semblent ne pas concorder sur le sujet. Tandis que le service communication assure que « la maire n’a jamais dit qu’on allait changer le nom des écoles qui portent un nom de saint », certains adjoints, dans leur déclaration, laissent place au doute. « On propose de changer le nom de certaines écoles pour qu’il corresponde plus aux aspirations du moment », explique une adjointe de quartier.

« Nettoyage anti-religieux »

Saint-Roch, Saint-Jean, Sainte-Catherine, Saint-Ruf, Saint-Gabriel mais aussi Thiers… autant d’établissements scolaires que Vaucluse Matin dit concernés par le changement de nom.

Les réactions sur les réseaux sociaux ne se sont pas fait attendre. De nombreux médias d’opinion réputés conservateurs ont relayé l’information, qualifiée par certains de « nettoyage antireligieux ». Sur Twitter, le maire Front National de Fréjus, David Rachline, a même « suggéré » à la maire d’Avignon de « démolir directement le magnifique Palais des Papes ou de détruire toutes les églises de l’Avignonnais », qualifiant le projet de la mairie d’« entreprise de destruction ».

Face à ce flot de réactions, la mairie d’Avignon a précisé ses intentions dans un communiqué de presse. Tout en accusant la presse locale d’alimenter des « polémiques qui n’ont pas lieu d’être », elle nuance le propos de Vaucluse Matin : « la Ville étudie la possibilité que les écoles portant le nom de la rue ou du quartier dans lesquelles elles sont situées bénéficient d’une dénomination propre », à commencer par l’école Thiers, située dans la rue du même nom. D’après la presse locale, cet établissement scolaire pourrait être rebaptisé « Simone Veil », mais un débat est en cours.

Processus pédagogique

Le communiqué de presse ne donne aucune précision sur les établissements portant un nom de saint, mais indique qu’un éventuel changement de nom ne saurait se faire sans le concours des élèves, enseignants et direction, dans le cadre d’un « processus pédagogique » et d’une « réflexion civique ». Contactée, la mairie n’a pas donné plus d’informations.

Son communiqué n’a pas dégonflé la polémique sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, les commentaires dénonçant un « laïcisme » de la Ville d’Avignon vont bon train, tant de la part d’anonymes que d’élus locaux, relayant les articles d’opinion publiés par les médias de la sphère conservatrice. Julien Aubert, député du Vaucluse et président du nouveau parti « d’inspiration gaulliste » Oser la France, a même accusé Avignon de « négation de son histoire papale » et « d’aseptisation culturelle ».

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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