Coronavirus : la reprise des célébrations religieuses autorisée

Le gouvernement a publié, vendredi soir, un décret autorisant une reprise immédiate des cultes publics. Le Conseil français du culte musulman a toutefois annoncé que la prière de l’Aïd, dimanche, ne pourrait avoir lieu dans les mosquées.

Les cérémonies religieuses avec une participation des fidèles vont pouvoir reprendre dès samedi 23 mai. Le ministère de l’intérieur a annoncé, vendredi soir, la parution d’un décret autorisant une reprise immédiate des cultes publics, sous réserve du respect de règles sanitaires, même si l’objectif affiché par la place Beauvau reste la « reprise généralisée des cérémonies religieuses le 3 juin ». Les mesures s’appliquent à « toute personne de 11 ans et plus qui accède ou demeure dans ces établissements », selon le décret.

Ce nouveau décret était devenu nécessaire depuis que le Conseil d’Etat avait annulé, lundi 18 mai, le maintien de l’interdiction générale et absolue des cérémonies religieuses édictée dès le début du déconfinement. La plus haute juridiction administrative avait jugé que si elle pouvait être admise dans la première phase de lutte contre l’épidémie de Covid-19, cette interdiction était « disproportionnée » depuis le déconfinement progressif et constituait de ce fait une « atteinte grave et manifestement illégale »à la liberté de culte. Le juge administratif avait donné huit jours au gouvernement − soit avant mardi − pour autoriser une reprise, sous conditions sanitaires, des rassemblements religieux dans les lieux de culte. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, s’est entretenu de ce sujet avec les représentants des principaux cultes vendredi matin.

Appliquer les gestes barrières et de distanciation

Selon le communiqué du ministère de l’intérieur, les lieux de cultes seront tenus de faire appliquer en leur sein tous les gestes barrières et de distanciation exigés dans les autres lieux accueillant du public. Ils devront faire respecter la distance d’au moins un mètre entre les participants aux cérémonies. Ces participants devront porter un masque et se désinfecter les mains à l’entrée. Les préfets pourront ordonner la fermeture si les règles n’étaient pas appliquées. Pour le reste, il revient aux autorités de chaque confession d’établir des recommandations adaptées aux spécificités de chaque pratique rituelle.

l est cependant peu probable que tous les cultes reprennent leurs activités publiques immédiatement. Une reprise rapide était surtout réclamée par une partie des catholiques. Ce sont d’ailleurs uniquement des associations catholiques − d’inspiration traditionaliste ou identitaire − qui avaient saisi le Conseil d’Etat pour contester le maintien de l’interdiction des célébrations.

Un débat a d’ailleurs échauffé la sphère catholique, ces derniers jours, sur la question de savoir si la Conférence des évêques de France (CEF) avait été suffisamment active en faveur de cette reprise dans la mesure où elle n’a pas saisi le Conseil d’Etat. Le décret du gouvernement interviendra trop tard pour célébrer l’Ascension, mais elle devrait permettre les célébrations de la Pentecôte, dimanche 31 mai.

« Guide pratique » de reprise des cultes

Les autres cultes, en revanche, s’en remettent depuis le début de l’épidémie aux consignes sanitaires gouvernementales. Vendredi, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annoncé que la fête de l’Aïd, qui marque la fin du mois de ramadan, aurait lieu dimanche 24 mai. Il a aussitôt précisé que « compte tenu du contexte de pandémie », la prière de l’Aïd ne pourrait avoir lieu dans les mosquées. L’institution représentative du culte musulman ajoute que tout en annonçant la reprise, le ministre de l’intérieur « a réaffirmé la recommandation des autorités médico-scientifiques et des pouvoirs publics de différer cette reprise au mois de juin pour mieux analyser les effets du lever de confinement ».

Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a pour sa part diffusé vendredi un « guide pratique » de reprise des cultes. Pour inciter ses Eglises adhérentes à la prudence, il insiste sur le fait que certaines des pratiques rituelles des évangéliques, « avec l’importance du chant, de la cène souvent hebdomadaire, des salutations et discussions prolongées en fin de culte, des temps de café ou agapes, la présence de plusieurs générations, fait de nos rassemblements des événements à risque ». Il demande de prévoir 4 m2 pour chaque fidèle et suggère de reporter les baptêmes et les agapes, repas pris en commun.

Le Monde

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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