La secrétaire d’État chargée du Droit des femmes, Pascale Boistard, s’est prononcée, lundi 2 mars, contre le
port du voile à l’universitéau cours d’une interview avec Le Talk du Le Figaro.
« Je n’y suis pas favorable », a commencé par répondre Pascale Boistard à Yves Thréard, qui l’interrogeait sur le port du voile à l’université. Relancée par le journaliste, qui lui demande s’il faut légiférer, la secrétaire d’État lui répond qu’« il faut pouvoir en discuter ». Et de poursuivre :
« C’est aussi aux présidents d’université de dialoguer avec les étudiantes. L’université est un lieu où l’on doit pouvoir parler de tout, constamment. Je ne suis pas sûre que le voile fasse partie même de l’enseignement supérieur. »Sans se prononcer clairement en faveur d’une loi d’interdiction, Pascale Boistard donne une autre envergure au débat relancé dernièrement par la droite, et qui n’avait plus été évoqué par le gouvernement depuis l’été 2013 lorsque
le Haut Conseil à l’intégration avait alors proposé d’interdire les signes religieux à l’université.
Une proposition « digne d’intérêt », avait estimé le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls. « Des situations mériteraient d’avoir plus de cohérence : dans les universités c’est possible, dans les IUT, c’est interdit », avançait-il. Quelques mois plus tard, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, avait tranché, en affirmant que le voile à la fac « ne posait pas de problème », d’autant « qu’aucune université n’avait saisi le ministère ».
Une proposition de loi enregistrée à l’Assemblée
A droite en revanche, le sujet est abondement discuté. La nouvelle secrétaire de l’UMP « aux valeurs de la République », Lydia Guirous, a estimé dans un communiqué diffusé mi-février que la laïcité ne doit pas « s’arrêter aux portes de l’université ». Elle se prononce pour l’extension de
la loi de 2004« à l’enseignement supérieur afin de garantir la neutralité religieuse et permettre un enseignement sans pression, sans intrusion du fait religieux ».Au mois de janvier, dans la foulée des attentats de Paris,
l’UMP avait affirmé que « le champ d’application du principe de laïcité » devait être étendu aux universités, au terme d’une réunion de travail animée par le président de l’UMP Nicolas Sarkozy et l’ancien ministre Luc Chatel, à l’origine de la circulaire interdisant aux mères voilées d’accompagner des élèves lors de sorties scolaires. François Fillon et Alain Juppé sont opposés à l’extension de l’interdiction mais leur position est minoritaire parmi les cadres de l’UMP.En ce sens, une proposition de loi initiée par le député Eric Ciotti « visant à étendre le principe de laïcité aux établissements publics d’enseignement supérieur » a été enregistrée à l’Assemblée nationale le 18 février, en faisant valoir que
la loi de 2004 « a contribué à diminuer les contentieux dans les établissements du primaire et du secondaire. Elle a également permis de réaffirmer le principe de neutralité dans les établissements scolaires ».
Les présidents d’universités disent non
Du côté de la Conférence des présidents d’université (CPU), qui s’est clairement prononcée en été 2013 contre une loi d’interdiction du voile, l’avis n’a pas changé. A Paris 13-Villetaneuse dirigé par Jean-Loup Salzmann, lui-même président de la CPU, un professeur qui avait refusé de faire cours face à une étudiante voilée a été congédié.
Plusieurs associations d’étudiants et de jeunes s’étaient aussi mobilisées en 2013 en faisant valoir leurs positions dans une tribune publiée sur Saphirnews dans laquelle ils signent leur refus à la stigmatisation des musulmans dans les facultés.
« Je ne vois pas au nom de quelle hypocrisie l’Université devrait interdire à la France d’aujourd’hui d’être représentée sur ses bancs. Le voile fait partie du paysage français, du RER à la rue en passant par l’université, qui se doit, bien plus encore que tout autre lieu public, d’être un lieu de dialogue, de discussion, un endroit pour les libertés de toutes sortes et non un lieu d’exclusion ou de discrimination », avait-il affirmé le 13 février dans une tribune parue au Nouvel Obs. Pour la communauté universitaire, le débat, qui crée des problèmes là où il n’y en a pas, n’a donc pas lieu d’être. Il ne sera pas clos pour autant, au grand dam des citoyens de confession musulmane.
Saphirnews