La bande de Gaza est un champ de ruines plongé dans une catastrophe humanitaire sans précédent, mais Israël n’a pas l’intention d’arrêter sa folle guerre enclenchée après les attaques du 7-Octobre qui ont fait quelque 1 200 victimes. A ce jour, 97 otages sont toujours à Gaza dont 34 sont présumés morts.
Un an après, et malgré la présence des otages, les bombardements se poursuivent. L’offensive dévastatrice a provoqué pas moins de 41 000 morts et 100 000 blessés, très largement des civils. Quelque 15 000 enfants figurent dans la liste des disparus, selon l’UNICEF. « Le nombre total de personnes mortes pourrait toutefois être plus élevé, en tenant compte de victimes se trouvant encore sous les décombres et de personnes décédées en raison de la faim ou de la malnutrition, et de maladies diverses », indique Human Rights Watch à l’occasion du premier anniversaire du 7-Octobre.
Par ailleurs, plus de 80 % des 2,3 millions d’habitants ont été déplacés. « Presque tous les civils de Gaza ont été déplacés ; la plupart sont actuellement entassés dans une zone qui ne représente qu’environ 3 % de la superficie totale de la bande de Gaza. Presque tous souffrent de la faim. Les enfants, qui ne peuvent plus aller à l’école, sont confrontés à des conditions traumatisantes », poursuit HRW.
« Un après après l’escalade des hostilités, la bande de Gaza est sans aucun doute un des endroits les plus dangereux au monde pour un enfant », souligne, pour sa part, l’UNICEF. L’opération israélienne en cours est indubitablement la plus violente et la plus longue organisée contre Gaza, qui souffrait déjà depuis 2007 d’un blocus illégal du point de vue du droit international et de plusieurs violentes offensives. Car, sans mettre en doute l’horreur des attaques du 7-Octobre et le légitime désarroi des familles des otages, les opérations menées par le Hamas n’ont pas surgi de nulle part ; elles s’inscrivent dans la continuité d’une tragique histoire, celle d’un conflit colonial qui a débuté depuis plus de 70 ans dans la région et qui n’est malheureusement pas prêt d’être résolu.
Une politique d’occupation plus oppressive en Cisjordanie
Alors que les ONG humanitaires et de défense des droits humains n’ont de cesse de dénoncer l’atrocité de la situation et d’appeler au cessez-le-feu immédiat, qui pour arrêter Israël ? Le choc du 7-Octobre a donné au gouvernement israélien plus de libertés pour s’attaquer aux droits des Palestiniens sous couvert de la lutte contre le terrorisme.
En Cisjordanie, le régime d’occupation s’est durci en un an. Tandis que la colonisation s’est étendue, les violences commises aussi bien par l’armée israélienne que par les colons ont explosé. Près de 700 Palestiniens ont été tués. « Les victimes de violations des droits humains, tant en Israël qu’en Palestine, sont confrontées depuis des décennies à un mur d’impunité. Les politiques israéliennes d’apartheid et de persécution à l’encontre des Palestiniens se sont encore aggravées, avec notamment des confiscations de terres et des violences létales en Cisjordanie », signifie HRW.
Depuis septembre, c’est le Liban qui est désormais sous le feu d’Israël, qui a porté plusieurs coups durs contre le Hezbollah en bombardant des zones civiles. Un millier de personnes ont été tuées au pays du Cèdre, et les combats sont promis à durer. Après le 7 octobre 2023, « le monde doit se rendre compte et comprendre que pour changer le cours de l’histoire et apporter la paix et un avenir meilleur à la région, il doit soutenir Israël dans son combat contre ses ennemis », a affirmé le président israélien Isaac Herzog dans un communiqué.
Un appel à l’embargo qui peine à être entendu
Si la guerre à Gaza n’a rien révélé de particulier dans la manière brutale qu’Israël a d’agir vis-à-vis du peuple palestinien, cette tragédie a exposé l’hypocrisie du monde occidental aux yeux des pays du Sud global, et plus largement des défenseurs des valeurs fondamentales partout dans le monde. En l’absence de condamnations sans réserve des actions menées par l’armée israélienne, en l’absence aussi de sanctions internationales, l’accusation du « deux poids, deux mesures » s’est nettement renforcée, minant la crédibilité des Etats-Unis, actuellement en pleine campagne présidentielle, et des pays européens dans le rapport qu’ils entretiennent avec les droits humains.
« Certains gouvernements étrangers affirment qu’ils tentent de mettre un terme aux violations des droits humains, mais ils jettent de l’huile sur le feu en livrant des armes aux parties belligérantes qui commettent des abus à grande échelle. Les hauts responsables de pays – y compris les États-Unis – qui envoient sciemment des armes à des forces commettant des abus risquent de se rendre complices d’actes qualifiés de crimes graves selon le droit international », affirme HRW.
Entre la complicité et le laisser-faire des uns, le silence et l’impuissance des autres, Israël n’est pas prêt de cesser les hostilités. Le Hamas et le Hezbollah non plus. Tout en témoignant de « l’engagement indéfectible » de la France pour la sécurité d’Israël, Emmanuel Macron a déclaré sa conviction que « le temps du cessez-le-feu est désormais venu ». Il s’est prononcé, samedi 5 octobre, pour l’arrêt des livraisons d’armes à Israël pour mener les combats à Gaza. Un appel à l’embargo qui a provoqué l’ire du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, pour qui la France et les pays partageant l’appel devraient avoir « honte » de vouloir empêcher Israël de « se défendre » contre ses ennemis.
« L’humanité doit triompher »
Pour HRW, « la récente escalade des hostilités au Moyen-Orient met davantage de civils en danger. Tous les civils – en Israël et en Palestine, ainsi qu’au Liban – ont droit à la protection, à la dignité et à la justice ». Quant à Amnesty International, « cette date du 7 octobre rappelle avec force qu’il est urgent de s’attaquer aux causes profondes du problème, de cesser de fournir des armes à toutes les parties et de mettre un terme à l’impunité dont jouissent depuis des décennies les forces israéliennes, le Hamas et les autres groupes armés, qui piétinent le droit international sans craindre la moindre conséquence ».
« L’humanité doit triompher », martèle l’ONG, qui demande, à l’instar de nombreuses ONG, « un cessez-le-feu immédiat et la libération immédiate et sans condition de tous les otages civils retenus en captivité par le Hamas et d’autres groupes armés, et de tous les Palestinien·ne·s détenus illégalement par Israël ».
Saphirnews