Quand les hindous de Paris se retrouvent pour adorer Ganesh

Un concentré d’Inde dans le 18e arrondissement de Paris. Le temple de Ganesh rassemble de nombreux hindous rue Pajol, près de La Chapelle. Toute la journée, les fidèles se présentent en ces lieux pour adorer leurs divinités, le dieu Ganesh en tête. Un mélange d’encens, de fleurs, de couleurs et de prières. Nous avons participé à une puja hindouiste.

L’atmosphère est moite. Une légère odeur d’encens emplit le Temple de Ganesh. À gauche les hommes, vêtus de pantalons et chemises. À droite les femmes, en saris rouges et violets. Assis en tailleur, tous attendent le début de la puja, le rituel hindou. Celui-ci doit démarrer à midi.

Soudain, une clochette retentit. Les fidèles se lèvent. Des mantras (prières hindous) résonnent derrière un rideau rouge représentant Ganesh, Krishna et Shiva, les trois principales divinités vénérées par le temple. Le rideau se lève. Une épaisse fumée d’encens surgit. Deux prêtres hindous (les brahmanes) agitent des chandelles devant l’autel de Ganesh, leur divinité principale. Cheveux attachés en chignon, ils sont torse nu et portent une tenue modeste, sans couture. Les deux brahmanes se retournent vers l’audience et essaiment des pétales de fleur sur un plateau où dansent six flammes. Un prêtre récupère le plateau et agite les flammes devant le dieu Ganesh. Munie d’une trompe, l’idole le représentant est de teinte noire fumée. Derrière elle, un arc de cercle en argent. À ses côtés brillent des chandelles et des coupes dorées. Dans toute la salle, ces couleurs précieuses côtoient du violet, du bleu-gris, de l’ocre et d’autres couleurs chatoyantes.

Sueur et tremblements

Les chants se poursuivent. Les fidèles sont attentifs. Les hommes gardent les mains jointes sous leur poitrine et les femmes sous leur menton. Tremblotante, l’une d’elles se met à prononcer des mots en silence. Des gouttes de sueur commencent à perler sur les visages. Les mains s’agitent au-dessus des têtes. Toute l’audience se tourne vers la gauche de l’autel. D’autres fidèles entrent dans le temple. Ils trempent leur doigt dans la poudre avant de le pointer sur leur front.

La cérémonie fait alors le tour du temple, en suivant les brahmanes devant les différentes divinités. Manicka, Vasakar, Dinamoothi, Maha Kali, Saraswati… Les fidèles leur adressent leurs prières pendant que les prêtres encensent les dieux et leur jettent des pétales tout en faisant tinter leurs cloches. Une fois le tour réalisé, tout le monde se replace autour d’une colonne dorée appelée Khalasam (« chapeau » en hindi) au centre de la salle.

Du son retentit à l’arrière. Un portable qui sonne en pleine cérémonie? Rien de cela. La musique a été enclenchée par le responsable du temple pour marquer la dernière partie de la puja. Les brahmanes parcourent l’assemblée pour bénir les fidèles. Ceux-ci offrent une pièce à Ganesh avant de placer leurs mains au-dessus des flammes portées par le prêtre. Chacun reçoit ensuite quelques gouttes de lait sacré dans la paume de la main avant de le porter à sa bouche. « Ça sert à purifier le corps », explique Ganesh Kurkal, le brahmane principal. Le prêtre trempe alors son doigt dans une poudre appelée « kesar » et en enduit le front des fidèles. Cette fois, « pour purifier l’esprit », précise le brahmane avec le sourire.

Du lait et des fruits en offrande

Vient le temps des offrandes. Les participants s’approchent un à un de l’autel de Ganesh et transmettent leur don par l’intermédiaire des prêtres. Une femme s’approche avec une brique de lait. Le brahmane lui accorde une prière personnelle. S’approche ensuite un homme pour offrir une noix de coco. Lui aussi a le droit à sa prière. Et ainsi de suite. Puis, à l’unisson, les brahmanes récitent leurs mantras d’une voix forte. Ils réencensent la divinité et lui offrent des pétales, encore une fois. Puis viennent les citrons verts et la noix de coco, en plus d’autres fruits et denrées végétariennes. Quelques prières plus tard, les brahmanes ramassent certaines offrandes et les redistribuent aux différentes divinités présentes dans le temple.

Sans oublier de récupérer leurs chaussures posées sur l’étagère à l’entrée, les fidèles se retirent un à un. La puja est terminée mais quelques personnes continuent d’adorer leurs idoles.

« Chaque jour, plus de 2000 personnes défilent dans le temple du matin jusqu’au soir », assure le brahmane principal. « Et ils sont deux fois plus nombreux le week-end », ajoute Iqbal Singh, un habitué des lieux. Car les pujas ne sont que les temps forts de la journée, au rythme de trois rituels quotidiens. « Pour les assurer, nous sommes quatre brahmanes. Nous célébrons deux par deux, à tour de rôle », précise Ganesh Kurkal. Mais les fidèles défilent au temple du lever au coucher du soleil pour prier et adorer leurs divinités. « Ils peuvent aussi venir chercher de la nourriture sur les autels. Le dieu Ganesh rend aux croyants ce qu’on lui a offert », raconte le brahmane.

Le moment est venu de récupérer les chaussures à l’extérieur. Au même moment, deux femmes posent leurs sandales sur l’étagère. Les prières ne s’arrêtent jamais au temple de Ganesh.

Source : Le Monde des Religions

 

 

F. Achouri

Sociologue.

Nos services s'adressent notamment aux organisations publiques et privées désireuses de mieux comprendre leur environnement.

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