L’islam en tant que problématique sociale est engendré par l’exploitation qui en est faite par le pouvoir politique et médiatique, surtout en période de crise, pour ne pas affronter bien souvent la réalité désastreuse sur le plan socio-économique (chômage, précarité, éducation, violence, inflation, etc.) et que tout traitement de l’information n’est pas fortuit et répond, au contraire, à un agenda bien déterminé. Cette tension permanente et le maintien dans un climat anxiogène ne sont pas étrangers à l’augmentation de l’islamophobie accentuée par un traitement de l’actualité dont la dérive déontologique est plus que préoccupante. Notre propos ici n’est pas de débattre de la manière dont les médias abordent la thématique « islam » mais simplement de rappeler leur pouvoir d’influence sur les opinions, que ce soit dans le quotidien ou, dans le cas qui nous intéresse ici, dans les relations au travail.
Des débats passionnés et récurrents à propos de l’islam, qui présentent un islam agressif, menaçant les valeurs de la France avec comme corollaire le phénomène alarmant ces derniers temps d’une « montée en flèche » partout en Europe de l’islamophobie. Cette dernière est en hausse en France depuis le conflit israélo-palestinien du 7 octobre 2023, où le parti pris de la classe médiatico-politique en faveur d’Israël, en dépit des atrocités commises à Gaza, n’est pas étranger à la situation. Alors qu’on nous rebat sans cesse les oreilles dans les médias que l’antisémitisme menacerait les juifs de France, Sirpa Rautio, directrice de l’Agence des droits fondamentaux au sein de l’UE, alerte sur « la rhétorique déshumanisante observée partout sur le continent européen » à l’encontre des musulmans[1]. Sa déclaration fait suite à un récent rapport mené par son institution sur l’islamophobie en Europe, où il ressort qu’un musulman sur deux est pris pour cible en raison de sa religion.
Les plus vives discriminations sont ressenties sur le marché de l’emploi et par les femmes portant le voile. La France abrite la plus importante communauté de musulmans en Europe (environ huit millions) et nous avons souhaité consacrer notre étude sur l’islamophobie au travail. Dans le cadre d’une enquête qualitative de plusieurs mois, nous sommes allés à la rencontre de salariés musulmans, issus de secteurs d’activité variés afin de recueillir leurs témoignages, parfois édifiants.
Alors que le monde du travail vit une véritable révolution, un nouveau paradigme en raison de l’ère robotique, avec peut-être demain la fin du travail sous sa forme actuelle dans de nombreux secteurs, nous y constatons une montée de l’islamophobie. Cette dernière est ouvertement affichée à l’encontre des femmes voilées, des minorités vulnérables, mais elle prend des formes diverses et nouvelles ailleurs. Faut-il rappeler par exemple qu’un jeune Français musulman, diplômé BAC+5, rencontre les mêmes difficultés sur le marché du travail qu’un sénior, et que c’est l’une des raisons pour lesquelles ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance ailleurs. Notre enquête sur l’islamophobie au travail, s’adresse avant tout aux directions des ressources humaines désireuses de mieux comprendre un phénomène qui cristallise les crispations identitaires dans une société française fracturée.
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[1] https://www.liberation.fr/societe/religions/islamophobie-en-europe-un-musulman-sur-deux-dit-subir-des-discriminations-au-quotidien-20241024_QI2HNBNCX5BA7ANUPKNRX6R2VA/