Selon StreetPress, depuis septembre, deux salariées portant le voile ainsi qu’une responsable RSE opposée à la mesure ont été licenciées, après que Magellan Partners a instauré une clause interdisant les signes religieux sur le lieu de travail.
Le groupe de conseil en informatique Magellan Partners fait face à plusieurs contestations internes après l’adoption, le 1er septembre, d’une nouvelle clause de “neutralité” interdisant les signes religieux, politiques ou philosophiques sur le lieu de travail.
Depuis sa mise en œuvre, au moins deux salariées portant le voile ainsi qu’une personne en charge de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) opposée à la mesure ont été licenciées, selon les informations recueillies par StreetPress.
Deux salariées ont été licenciées en novembre après avoir refusé de retirer leur voile à la demande de leur hiérarchie. Toutes deux avaient été embauchées voilées et n’avaient fait l’objet d’aucun reproche professionnel.
Leur avocate, Me Alexandra Jongis, estime que ces décisions sont discriminatoires et contraires au droit du travail qui protège les convictions religieuses des salariés.
Selon plusieurs sources internes, d’autres employées pourraient être concernées. Une salariée aurait accepté d’ôter son voile par crainte de perdre son emploi.
La RSE licenciée
En amont, la responsable RSE du groupe, a été licenciée en juillet. Elle affirme avoir découvert le projet de clause après son adoption par la direction.
Le 11 juin, lors d’une réunion, elle avait présenté les risques juridiques et discriminatoires de la mesure, rappelant notamment que la loi française impose que toute clause de neutralité soit justifiée et proportionnée, et que son application doit être limitée aux situations de contact client.
Elle affirme également avoir rappelé à la direction l’obligation de proposer une réaffectation interne aux salariés concernés.
Quelques jours plus tard, le 17 juin, son accès informatique a été coupé et elle a été escortée hors des locaux avant d’être licenciée le 2 juillet.
“Règlement intérieur”
Le nouveau règlement intérieur, transmis progressivement aux filiales à partir du 25 septembre, impose aux salariés de s’abstenir de manifester leurs “convictions” dans leurs propos, leur tenue ou leur comportement.
Selon certaines sources, cette clause n’est toutefois pas appliquée dans plusieurs entités du groupe à l’étranger. Deux comités sociaux et économiques (CSE) sur une dizaine auraient refusé de valider le texte.
Un représentant du personnel dénonce la brutalité des licenciements, en contradiction, selon lui, avec les engagements affichés par l’entreprise en matière de diversité et de bien-être au travail.
Le PDG de Magellan Partners, Didier Zeitoun, est décrit par des salariés comme un dirigeant très impliqué dans les décisions internes.
En octobre 2023, il avait envoyé un message de soutien aux victimes israéliennes des attaques du 7 octobre et annoncé un don de 30 000 euros à des associations locales.
Certains collaborateurs s’étonnent de l’absence de communication comparable à l’égard des victimes civiles palestiniennes depuis.
Plusieurs salariés affirment qu’il aurait justifié la clause de neutralité par la volonté de lutter contre “l’islamisme”. D’après des témoignages internes, il aurait également exprimé son intérêt pour certaines orientations politiques menées aux États-Unis contre les programmes de diversité.
Plusieurs cadres et managers se disent en désaccord avec la mesure et affirment avoir refusé de contribuer à son application.
Selon eux, la clause marque une rupture avec l’image inclusive que le groupe mettait en avant. Certains déclarent envisager un départ, estimant que la réglementation instaurée vise principalement les femmes musulmanes portant le voile.
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