La Coordination agréée hadj de France (CHF) a présenté mardi 24 juin au ministère des affaires étrangères une « charte de qualité » pour l’organisation du pèlerinage à La Mecque. 37 des 43 organisateurs de voyage agréés par les autorités saoudiennes – agences de voyages ou associations – ont choisi de la signer et ainsi d’adhérer à la coordination.
Ils s’engagent notamment à « respecter la réglementation en vigueur », qu’il s’agisse du Code du tourisme ou des normes relatives à l’information et à la protection des consommateurs, mais aussi à « informer les pèlerins sur tout ce qui concerne le déroulement du pèlerinage », à s’assurer de la « compatibilité de leur état de santé avec le voyage », et à leur fournir « une assistance » pendant tout leur séjour.
Contrat de voyage explicite
En pratique, tous devront remettre à leurs clients « un carnet de voyage comprenant le contrat de voyage rédigé en français et en arabe », accompagné des différentes informations utiles sur place, et leur proposer un assistance-rapatriement.
« Jusqu’à présent, chacun rédigeait le carnet de voyage selon ses préférences. Désormais, nous avons défini un standard de qualité pour qu’il soit le plus clair et le plus explicite possible », fait valoir Salim Bouhidel, vice-président de la coordination.
Par manque d’informations ou d’accompagnement sur place, le hadj pouvait tourner au cauchemar pour les pèlerins : certains se sont rendu compte à la fin de leur séjour en Arabie saoudite « qu’ils n’avaient pas accompli correctement les obligations rituelles ». D’autres, qui avaient caché des problèmes de santé, ont dû être pris en charge sur place, obligeant les accompagnateurs à laisser en plan le reste du groupe…
Concertation avec les pouvoirs publics
Face à la multiplication des incidents, les ministères des affaires étrangères, de l’intérieur et du tourisme ont proposé en 2013 aux organisateurs du pèlerinage la rédaction d’une charte.
Ceux-ci ont préféré s’organiser collectivement – une association loi de 1901 a été créée le 13 juin 2013, présidée par Abdelbasset Tahri, administrateur de la société Marwa Hadj (Paris) – avant d’entamer une « concertation avec les pouvoirs publics ». Après un « long travail de préparation et de rédaction, » une charte de qualité a été élaborée et adoptée par l’ensemble des membres le 21 janvier 2014.
Dans un communiqué distinct, les ministères des affaires étrangères (dont dépend le secrétariat d’État à la promotion du tourisme) et de l’intérieur saluent cette « étape importante pour l’amélioration du pèlerinage menée par les acteurs eux-mêmes » et rappellent leur « mobilisation pour accompagner sa mise en place ». Un point sur lequel la charte reste en deçà de leurs attentes.
En effet, une procédure d’évaluation et de suivi est prévue mais assez légère : seule la coordination, en partenariat avec les pouvoirs publics, sera chargée de constater d’éventuels « manquements graves » susceptibles de conduire à une exclusion. « On aurait pu imaginer un système de certification externe. Mais on y viendra », assure un proche du dossier.
Encouragements saoudiens
En attendant, les membres de la coordination assurent la promotion de leur charte. « Seule une agence agréée et ayant sur leur vitrine l’attestation CHF peut répondre à toutes les demandes. Si elle ne les a pas, ne passez par elle », avertit son président, qui met en avant les « encouragements » reçus des autorités saoudiennes « au plus haut niveau ».
Des autorités saoudiennes qui fixent chaque année « souverainement » les quotas de visas alloués à chaque agence agréée, et toujours insuffisants par rapport au nombre des candidats au départ.
« Le but de la CHF est uniquement la morale et non pas le profit. Mais si les Saoudiens veulent récompenser les signataires (au moyen d’une augmentation des quotas, NDLR), nous ne refuserons pas », reconnaît Abdelbasset Tahri.
La Croix