Etats-Unis : les musulmans perdent un de leurs leaders

  Maher Hathout, un des co-fondateurs du Conseil musulman des affaires publiques (MPAC), l’une des principales organisations musulmanes des Etats-Unis, est décédé samedi 3 janvier à l’âge de 79 ans.   Maher Hathout, un des co-fondateurs en 1988 du Conseil musulman des affaires publiques (MPAC), l’une des principales organisations musulmanes des États-Unis, est décédé samedi 3 janvier à l’âge de 79 ans d’un cancer à l’hôpital City of Hope, à Duarte (Californie). Il était aussi une figure des relations interreligieuses aux États-Unis.

« Dr Maher Hathout était un leader pour l’islam et pour l’humanité, une voix pour les sans voix, un patriote, un poète, un physicien, un ami et un homme de famille. Il a marqué de façon indélébile tous ceux qu’il rencontrait », a rendu hommage le MPAC dans un communiqué annonçant son décès.

Un leader du dialogue interculturel

Né au Caire en 1936, il est venu à Buffalo, dans l’État de New York, après avoir fini ses études de médecine, avant de se rendre à Los Angeles, où il a exercé en tant que cardiologue. Maher Hathout a été bénévole pendant plus de trois décennies au Centre islamique de Californie du Sud (ISCS), l’une des plus influentes mosquées des États-Unis, dont il était le président et le porte-parole. Il s’est notamment assuré que les femmes soient pleinement accueillies à la mosquée (une femme est au comité d’administration du Centre depuis 1952), et que tous les discours tenus dans l’ISCS soient prononcés en anglais, rapporte le MPAC. Il était de ceux qui affirmaient sans cesse que la réflexion critique sur la foi était une obligation.

Pendant la guerre du Golfe, en 1991, il a créé, avec un rabbin et un prêtre, la Coalition religieuse contre la guerre au Moyen-Orient. Il est l’auteur de la « Déclaration contre l’extrémisme » du MPAC en 2013, et lors de la convention de l’organisation, l’année suivante, il a prononcé un discours intitulé « Extrémisme : mauvaise politique et idéologie corrompue ».

« Dr Hathout croyait que les musulmans américains contribueraient à l’Amérique en pratiquant les valeurs islamiques de miséricorde, d’équité et de justice », a poursuivi le MPAC dans son communiqué. Il était aussi reconnu comme un pionnier dans la promotion de « l’empowerment », la responsabilisation des musulmans américains.

Un homme salué de tous

Il a été le premier musulman à faire la prière d’invocation à une convention politique nationale, en bénissant la convention démocrate en 2000, à Los Angeles. Il s’était entretenu de l’amélioration des relations avec le monde musulman avec les présidents Bill Clinton et George W. Bush.

Les autres associations musulmanes américaines et des représentants d’autres religions lui ont aussi rendu hommage. « Dr. Hathout, à travers son infatigable service rendu à la communauté et un leadership visionnaire, sert de modèle pour la communauté musulmane américaine et pour tous les Américains qui cherchent une société fondée sur la justice, la tolérance et la compréhension mutuelle », a réagi dans un communiqué Nihad Awad, le directeur exécutif national du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR).

Tandis qu’Azhar Aziz, le président de la Société islamique d’Amérique du Nord (ISNA), a déploré « une grande perte pour la diaspora musulmane américaine », le directeur de la section du CAIR à Los Angeles, Hussam Ayloush, a, quant à lui, salué un homme ayant « inspiré des générations de musulmans américains dans le service de leur nation à travers l’engagement civique positif et la sensibilisation interreligieuse ». « Son leadership et ses contributions intellectuelles à la communauté musulmane américaine seront regrettés. »

Saphirnews

F. Achouri

Sociologue.

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