À Istanbul, première lecture du Coran dans Sainte-Sophie depuis 85 ans

L’intérieur de l’ex basilique Sainte-Sophie à Istanbul (Turquie)  Une lecture du Coran a eu lieu pour la première fois en 85 ans dans l’enceinte de la basilique Sainte-Sophie, monument emblématique d’Istanbul devenu un musée après avoir été une église puis une mosquée, ont rapporté les médias turcs samedi 11 avril.

Œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle, Sainte-Sophie a été désaffectée puis transformée en musée dans les années 1930 sous le régime laïque de Mustafa Kemal Atatürk et fait régulièrement l’objet de polémiques entre chrétiens et musulmans qui se disputent son utilisation.

Dans la soirée du vendredi 10 avril, un passage du Coran a été lu lors de l’inauguration d’une exposition ayant pour thème « L’amour du Prophète », à laquelle assistaient des responsables turcs dont le chef de l’agence des affaires religieuses de Turquie, Mehmet Gormez.

Cette lecture du Coran, la première dans l’enceinte de Sainte-Sophie depuis 85 ans, a été assurée par Ali Tel, imam de la mosquée Ahmet Hamdi Akseki d’Ankara, a précisé l’agence Anatolie.

L’exposition qui sera visible jusqu’au 8 mai présente des œuvres calligraphiques à la gloire du prophète Mohammed.

Une mosquée devenue musée

Construite à l’entrée du détroit du Bosphore et de la Corne d’or, Sainte-Sophie, où étaient couronnés les empereurs byzantins, a été convertie en mosquée au XVe siècle après la chute de Constantinople aux mains des Ottomans en 1453. Des minarets avaient alors été érigés autour du dôme Byzantin.

Sainte-Sophie a continué de servir de mosquée après l’effondrement de l’Empire ottoman, jusqu’au milieu des années 1930, quand les fondateurs de la Turquie laïque en ont fait un musée ouvert à tous.

Mais depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) de l’actuel président Recep Tayyip Erdogan, les défenseurs de la laïcité s’inquiètent d’une éventuelle reconversion de Sainte-Sophie en mosquée.

Le vice-Premier ministre Bulent Arinc avait d’ailleurs provoqué un tollé en novembre 2013 lorsqu’il avait laissé entendre que Sainte-Sophie pourrait changer de statut, disant que Sainte Sophie avait l’air « triste » mais qu’il espérait qu’elle allait « bientôt retrouver le sourire ».

La Grèce avait à l’époque réagi violemment et dénoncé des déclarations « offensantes pour des millions de chrétiens ».

 

La Croix/ AFP

F. Achouri

Sociologue.

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