Lors d’une rencontre sans précédent, qualifiée par Anne Hidalgo, maire de Paris, de « première très utile », le pape François est revenu sur le concept d’écologie humaine.
Devant 60 maires de grandes villes de la planète, il a relié le soin de la Création et la persistance de la traite des êtres humains.
« L’écologie est totale, elle est humaine : on ne peut pas séparer l’Homme du reste. Il y a une relation de cause à effet, que ce soit dans le sens de l’environnement sur la personne » ou l’inverse, a dit le pape François, mardi 21 juillet, devant une soixantaine de maires de grandes villes du monde réunis au Vatican. Ces derniers s’étaient rendus à Rome à son invitation, pour affirmer leur engagement à lutter contre l’esclavage moderne et le réchauffement climatique.
Avant l’intervention du pape, en fin de journée, les maires de Rome, Paris, New York, Madrid ou de Sao Paulo se sont relayés à la tribune pour dénoncer la persistance de l’esclavage dans les sociétés modernes et présenter leurs projets pour leur ville.
Esclavage : trafic d’organes, prostitution
« L’esclavage existe toujours dans nos villes, y compris ici, à Rome », a lancé le maire de la capitale italienne Ignazio Marino. Cet ancien chirurgien a dénoncé ainsi le trafic d’organes, dont il assure qu’il est appelé à se développer, tant la demande est forte. Dix mille opérations sont effectuées chaque année pour extraire des organes – des reins à 75 % –, au bénéfice de riches patients dans le monde.
La conférence a aussi entendu le témoignage de deux jeunes Mexicaines, Karla Jacinto et Ana Laura Perez Jaimes, toutes deux « esclaves » dans leur pays, contraintes à la prostitution ou au travail forcé.
Paris, New York
« Il faut changer nos modes de vie », a préconisé de son côté Anne Hidalgo, maire de Paris, appelant à mettre en œuvre une « économie du moindre impact », privilégiant par exemple le recyclage.
Anne Hidalgo s’est félicitée de l’invitation du pape, qui a permis de confronter les expériences de dizaines de maires dans le monde sur des thématiques essentielles, « grande première très utile », a-t-elle dit lors d’un point de presse. D’autres responsables ont appelé à la mobilisation avant la conférence de Paris sur le climat. Bill de Blasio, le maire de New York, a fixé comme objectif intermédiaire de sa ville la réduction de 40 %, d’ici à 2030, des émissions de gaz à effet de serre. « Le pape ne nous a pas invités pour ratifier le statu quo mais pour y mettre fin », a-t-il lancé. Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a de son côté dénoncé dans un discours très applaudi les lobbys dépensant aux États-Unis des « milliards de dollars pour faire élire des “troglodytes” et autres négationnistes » du réchauffement climatique.
Laudato si’, une encyclique sociale
Intervenant à la fin de cette journée, le pape François a dit avoir « beaucoup d’espoir » que la conférence de Paris aboutisse à un « accord fondamental ». Il a exhorté les Nations unies à prendre position sur ces questions. Dans son discours improvisé, il s’est beaucoup appuyé sur son encyclique Laudato si’. Non pas une encyclique « verte », mais une encyclique « sociale », a-t-il précisé.
À ses yeux, « le développement incontrôlé des villes » est l’une des conséquences d’une protection de l’environnement négligée. Il crée des lieux de pauvreté toujours plus grands, où les habitants souffrent.
La Croix