Daech est le suspect n°1 dans les attentats d’Ankara

      La presse évoque le groupe d’Adiyaman, une ville du sud-est de la Turquie dépeinte comme le creuset de djihadistes kurdes.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a désigné lundi l’État islamique comme le responsable présumé de l’attentat qui a fait au moins 97 morts et 507 blessés, dont 65 dans un état grave, samedi à Ankara, promettant de livrer rapidement l’identité d’au moins un des auteurs, grâce aux analyses ADN.

Mais déjà les informations filtrent dans la presse turque. On sait que les deux kamikazes, qui portaient des sacs bourrés d’explosifs et de petites billes en acier pour mieux tuer, étaient turcs grâce aux marques de vaccination sur leur corps. On soupçonne également des djihadistes turcs, membres du groupe d’Adiyaman d’avoir fait le coup.

Adiyaman (180 000 habitants), surnommée “la ville des cellules dormantes”, est une bourgade à majorité kurde proche de la frontière syrienne. Les touristes la connaissent en raison de la proximité de la montagne Nemrut. Les Turcs savent qu’on y pratique un islam conservateur, dominé par la communauté des Menzil, une branche de la confrérie sunnite des Naqshbandiyya.

“C’est un incubateur où ni le modernisme kémaliste ni le progressisme kurde n’ont pu s’implanter”, résume Bahar Kimyongür, militant politique et spécialiste de la Turquie. On oublie souvent que les Kurdes, présentés comme un modèle de lutte contre Daech, ont aussi des représentants dans le groupe terroriste. Des peshmergas ont, la semaine dernière, été exécutés par des bourreaux de l’EI qui parlaient le Kurde.

Des similarités

Pour le plus grand malheur d’Adiyaman, environ 300 de ses jeunes ont rejoint Daech et se sont battus contre les Kurdes syriens à Kobane. La défaite cinglante qu’ils y ont subie les a obligés à retourner en Turquie. Ils sont devenus aujourd’hui l’ennemi public n° 1 de la Turquie. Selon les enquêteurs, il existe des similarités (attentat suicide, type d’explosifs) du modus operandi à Ankara avec les attentats qui ont été commis en juin contre un meeting du HDP (le parti de gauche, prokurde) à Diyarbakir et en juillet contre des jeunes socialistes, dont des militants du HDP, qui se mobilisaient à Suruç pour la reconstruction de Kobané. L’un des frères de l’un des auteurs de la tuerie de Suruç (34 morts) a disparu et était cité lundi comme l’un des possibles suspects. “Nous sommes sur le point d’avoir un nom, qui désignera un groupe”, a assuré M. Davutoglu.

Comme ceux de Diyarbakir et de Suruç, l’attentat d’Ankara n’avait toujours pas été revendiqué hier, Si le silence persiste, il ajoutera à l’opacité et nourrira les thèses de complot. À moins que l’enquête turque ne fasse rapidement toute la clarté.

 

La Libre.be

 

F. Achouri

Sociologue.

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