Un commando de talibans a mené une attaque, mercredi 20 janvier, contre l’université Bacha Khan de Charsadda, dans le nord-ouest du Pakistan, faisant au moins 21 morts et des dizaines de blessés. Après plus de deux heures d’assaut, la police a annoncé avoir neutralisé les assaillants.
Les membres du commando auraient mis à profit l’épais brouillard dans lequel la région est plongée l’hiver pour se glisser à l’intérieur de l’université, où ils ont ouvert le feu sur des étudiants et des professeurs dans les salles de classe et les dortoirs. Selon la police, deux explosions ont retenti. La police, l’armée et les forces spéciales se sont alors déployées en nombre.
Une attaque revendiquée par les talibans
« La plupart des étudiants ont été tués par balles par les assaillants dans des résidences pour garçons », a indiqué le chef de la police régionale, Saeed Wazir. Interrogés par des médias, des étudiants ont dit avoir vu « plusieurs jeunes gens » armés de fusil d’assaut AK-47. « Ils sont arrivés de nulle part, il y a eu de la sidération », a raconté un étudiant admis à l’hôpital de district de Charsadda. « Des enseignants nous ont dit de partir tout de suite. Certains se sont cachés dans les salles d’eau. »
Une branche du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP – « Mouvement des talibans pakistanais ») a revendiqué la fusillade, précisant que « quatre kamikazes » avaient mené l’assaut. « Cette attaque a été lancée en représailles à l’opération “Zarb-e-Azb” », vaste offensive antiterroriste actuellement menée par l’armée dans les zones tribales du Nord-Ouest frontalières de l’Afghanistan, a expliqué un responsable de cette branche du mouvement, menaçant d’organiser de nouveaux raids. Mais le porte-parole officiel des taliban pakistanais, Muhammad Khorasani, a démenti dans une déclaration écrite toute responsabilité dans l’attaque, la qualifiant d’« acte contraire à l’islam ».
L’université Bacha Khan, qui a été bouclée, accueille plus de 3 000 étudiants. Mercredi, 600 visiteurs étaient également présents pour un récital de poésie. Le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, a regretté dans un communiqué la mort « d’innocents étudiants et de citoyens ».
Un enseignant « héroïque »
Parmi les victimes figure un jeune professeur de chimie dont l’attitude face aux assaillants a été qualifiée d’héroïque par des étudiants. Syed Hamid Husain se serait interposé arme à la main pour protéger ses élèves. « Nous sommes sortis, mais nous avons été bloqués par notre professeur de chimie qui nous a conseillé de revenir à l’intérieur, a raconté Zahoor Ahmed, un étudiant en géologie. Il avait un pistolet à la main, j’ai vu une balle l’atteindre, deux assaillants tiraient de tous les côtés. »
« Ils lui ont tiré dessus directement », a témoigné un autre étudiant, Muhammad Daud. Pour un porte-parole des services de secours, Bilal Faizi, la réaction de l’enseignant a permis d’éviter que les assaillants ne fasse « davantage » de victimes.Les professeurs travaillant dans le nord-ouest du Pakistan ont reçu l’autorisation de porter une arme dans leur classe après le massacre perpetré par des talibans il y a un peu plus d’un an dans une école de Peshawar, à une cinquantaine de kilomètres de Charsadda. L’offensive, qui avait duré plusieurs heures et coûté la vie à 141 personnes, reste le pire attentat de l’histoire du pays.
Le Monde.fr