La loi sur le blasphème en vigueur au Pakistan, qui punit de mort ou de réclusion à perpétuité l’outrage à l’islam, pourrait être modifiée.Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore, a confirmé le 4 février que le président pakistanais s’était déjà engagé au changement d’une loi régulièrement utilisée pour de banals règlements de compte.
Alors que le Conseil pour l’idéologie islamique s’est montré favorable à une modification de la loi sur le blasphème au Pakistan, Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore, a assuré à l’agence Fides le 4 février qu’il approuvait cette démarche. « Nous espérons qu’une modification de la loi sur le blasphème, permettant d’en empêcher l’abus, puisse être imminente », a-t-il souligné.
« Déjà, le président du Pakistan, Mamnoon Hussain, en nous rencontrant l’an passé, évêques et autres responsables religieux, nous avait communiqué qu’il se serait engagé dans ce sens, a précisé l’archevêque. L’abus de la loi, utilisée à d’autres fins, fait souffrir de nombreux citoyens pakistanais, musulmans, chrétiens et de toutes les religions, détruisant injustement la vie de nombreux innocents ».
Débat très sensible
À la fin du mois de janvier, le président du Conseil de l’idéologie islamique, Muhammad Khan Sherani, a en effet manifesté la disponibilité à revoir la loi sur le blasphème, inscrite dans le code pénal et qui punit très sévèrement l’outrage au prophète Mohammed.
Muhammad Khan Sherani pourrait fournir au parlement et au gouvernement des recommandations proposant des modifications visant à éviter les abus commis en ayant recours à la loi.
Il s’attaque ainsi à un débat très sensible. Selon Nasir Saeed, activiste chrétien et directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement), engagé dans la défense des droits des chrétiens au Pakistan, « les paroles du président Sherani sont encourageantes, attendu que, jusqu’à quelques années en arrière, il n’était pas même possible de discuter de cette loi », rapporte Fides.
La loi sur le blasphème, promulguée sous la dictature militaire en 1986, condamne « ceux qui, par des paroles ou des écrits, des gestes ou des représentations visibles, avec des insinuations directes ou indirectes, insultent le nom sacré du prophète ».
Elle est devenue un véritable fléau au Pakistan, république islamique de quelque 200 millions d’habitants, souvent utilisée pour régler des comptes personnels. Ce fut notamment le cas d’Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 et toujours en prison pour blasphème, après une dispute avec des femmes musulmanes de son village.
La Croix