Les pays du CCG ont déclaré « organisation terroriste »le mouvement de résistance libanais Hezbollah, a annoncé mercredi Abdellatif Zayani, le secrétaire général du groupement régional.
Les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont-elles commis l’erreur de trop?
L’Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Emirats arabes unis, Oman et Koweït ont pris cette décision en raison, affirme-t-il, « de la poursuite des actions hostiles des milices (du Hezbollah), qui recrutent les jeunes (du Golfe) pour perpétuer des actes terroristes ».
Cette mesure intervient dans un contexte de forte tension entre ces monarchies et le Liban sur lequel des pressions sont exercées depuis plus d’une semaine.
Les monarchies du Golfe prétendent que le Hezbollah sert de tête de pont pour l’Iran chiite et s’ingère dans les affaires des pays arabes.
La tension s’est cristallisée autour du conflit en Syrie où l’Iran et le Hezbollah soutiennent l’armée régulière, combattue par des mouvements souvent radicaux appuyés par les monarchies du Golfe.
« Les exactions du Hezbollah dans les pays du CCG et ses actes terroristes et d’incitation en Syrie, au Yémen et en Irak (…) sont une menace pour la sécurité nationale arabe », a souligné encore M. Zayani dans son communiqué.
En conséquence, a-t-il ajouté, les pays du CCG ont décidé de considérer le Hezbollah comme « une organisation terroriste ».
Des mesures appropriées seront prises pour mettre en oeuvre cette décision, conformément « aux règlements sur la lutte antiterroriste en vigueur dans les Etats du CCG et aux lois internationales », a-t-il conclu.
Considérer un parti libanais reconnu et membre du gouvernement comme « organisation terroriste » ne ravive-t-il pas les tensions dans ce petit pays déjà fragilisé par ses propres dissensions internes?
Nervosité saoudienne
Dans une déclaration au Huffington Post Algérie, le journaliste libanais Sami Kleib affirme que la décision des monarchies du Golfe est « le reflet du conflit régional entre l’Iran et l’Arabie saoudite ». Une décision, explique-t-il, qui « survient juste après l’accord du cessez-le-feu parrainé par la Russie et les Etats-Unis ».
Cet accord, précise-t-il, encore « suscite beaucoup de doutes chez les saoudiens et les turques. Et comme Israël demeure également un joueur latent dans ces conflits, nous sommes, donc, face à une situation dangereuse dont le but est de casser l’avancée de l’armée syrienne soutenue par le Hezbollah, l’Iran et la Russie au nord de la Syrie et de faire monter la pression locale contre le Hezbollah. »
Pour Sami Kleib, auteur du livre Al Assad entre départ et destruction programmée, « la communauté internationale ne souhaite aucunement une guerre au Liban et je pense qu’à présent il y a beaucoup de tentatives de médiation entre l’Arabie saoudite et l’Iran afin de calmer le jeu »
« Le Hezboallah n’a commis d’attentat à l’étranger que contre Israël »
Quand aux accusations ouvertes contre le Hezbollah d’être le commanditaire d’attentats et d’exactions dans les pays du Golfe, le journaliste libanais est formel.
« Le Hezbollah n’a jamais commis d’attentats à l’étranger sauf contre des Israéliens ». Pour lui, « l’Iran qui a gagné beaucoup en concluant l’accord nucléaire ne souhaite plus compromettre son image ». Aussi, « le rôle de l’Iran après l’accord inquiète beaucoup les monarchies du Golfe notamment l’Arabie Saoudite. »
L’ambition iranienne, enchaîne-t-il, irrite de plus en plus ces pays d’où la nécessité pour des hommes, connus pour leur rôle historique de médiation comme le président algérien ou le sultan d’Oman, de trouver une solution avec les Etats-unis et la Russie pour réunir l’Iran et l’Arabie saoudite. Faute de quoi, la région est sur un vrai volcan ».
Huffington Post Maghreb