Menant plusieurs opérations de charme en Occident, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, surnommé MBS, a fait escale à Paris dimanche 8 avril. Après une tournée de trois semaines à travers les États-Unis, ce sont trois jours qu’il passe dans la capitale française où il a été accueilli par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Il sera reçu mardi 10 avril par Emmanuel Macron pour un dîner privé en tête-à-tête dans le musée du Louvre. Ce faisant, la France entend amorcer « un nouveau partenariat stratégique » avec l’Arabie Saoudite
Cette visite n’est cependant pas du goût des défenseurs des droits de l’homme. Dix ONG – Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), Action Contre la Faim, Alliance internationale pour la défense des droits et libertés (AIDL), Amnesty International France, la FIDH, Handicap International, Human Rights Watch, Médecins du Monde, Première Urgence Internationale et Reporters Sans Frontières – ont appelé le président français à « placer le Yémen au cœur des discussions » au cours de son entrevue avec le royaume saoudien, rappelant que MBS, fils du roi Salmane, « joue un rôle majeur, en tant que ministre de la Défense, dans la guerre conduite au Yémen ».
Après trois ans d’une guerre sans trêve lancée par l’Arabie Saoudite et ses alliés contre les rebelles houthis soutenus par Téhéran, le Yémen fait face à la pire crise humanitaire dans le monde selon les Nations Unies. « Près de 4 Yéménites sur 5 – 22 millions de personnes – dépendent de l’aide humanitaires et 8,4 millions sont menacés de famine. La diphtérie est de retour au Yémen et le pays a subi en 2017 la pire épidémie de choléra de l’histoire moderne », soulignent les ONG.
La fin des bombardements au Yémen réclamée
Si Emmanuel Macron souhaite une collaboration avec l’Arabie Saoudite « moins axée sur des contrats ponctuels et davantage sur des investissements d’avenir », les ONG réclament qu’il se concentre sur la situation au Yémen. Parmi les revendications qui doivent être mises sur la table, « la fin des bombardements ciblant des civils et le respect du droit humanitaire international » et « la levée inconditionnelle et permanente de toute entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire et des biens commerciaux au Yémen ».
Elles n’ont pas manqué de rappeler que la France devrait user de son statut de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour « exiger de l’Arabie Saoudite qu’elle respecte ses obligations internationales ». Dénonçant fermement le partenariat Paris-Riyad en matière d’armement, ce collectif des ONG a également incité l’Hexagone à « se prémunir contre tout risque de complicité dans les graves violations commises par la coalition » à travers une sérieuse remise en question du fait que la France soit le principal fournisseur d’armes de l’Arabie Saoudite.