Le pape François, qui ne préside habituellement que le rite du dernier adieu des obsèques cardinalices, a exceptionnellement choisi d’être présent à l’ensemble des obsèques du cardinal Jean-Louis Tauran, jeudi 12 juillet en la basilique Saint-Pierre de Rome.
Les obsèques du cardinal français Jean-Louis Tauran, camerlingue de la Sainte Église romaine et président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, ont été célébrées jeudi 12 juillet en la basilique Saint-Pierre de Rome, avec la présence inhabituelle du pape François.
Lors des obsèques de cardinaux, le pape ne vient d’habitude qu’à la fin de la célébration pour présider le rite du dernier adieu. Mais, cette fois-ci, témoignage de la grande estime dans laquelle il tenait le cardinal Tauran, François est arrivé une dizaine de minutes avant le début de la liturgie à laquelle il a assisté depuis un fauteuil sur le côté du chœur.
« Conseiller écouté et apprécié »
François a ainsi laissé le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré Collège, conduire la célébration, avant de présider lui-même, visiblement ému, le dernier adieu de celui que, dans un télégramme de condoléances très personnel, il avait qualifié de « conseiller écouté et apprécié ».
De très nombreux fidèles participaient à ces obsèques, remplissant rapidement la chapelle de la Chaire de Pierre, au fond de la basilique, montrant ainsi l’ampleur du ministère du cardinal Tauran.
Outre le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, la ville natale du cardinal Tauran, la plupart des cardinaux vivant à Rome étaient présents. Beaucoup ont d’ailleurs été ces nonces auxquels le diplomate de Jean-Paul II ne cessait de répéter que « si vous jouez aux diplomates, vous serez méprisés. Si vous vous comportez comme des prêtres, vous serez estimés ».
Le nombre important de diplomates du monde entier présents montrait d’ailleurs combien l’ancien secrétaire pour les relations avec les États de Jean-Paul II était lui-même estimé à travers le monde.
Alain Juppé, représentant du président Macron
Pour la France, le maire de Bordeaux Alain Juppé représentait par ailleurs le président de la République Emmanuel Macron ; l’ancien premier ministre avait d’ailleurs été ministre des affaires étrangères quand Mgr Tauran dirigeait la diplomatie vaticane.
Enfin, de nombreux représentants des différentes religions (islam, sikhisme, hindouisme, shintoïsme) étaient venus rendre un dernier hommage à celui qui, pendant 11 ans, a supervisé le dialogue interreligieux au Vatican.
Dans son homélie, le cardinal Angelo Sodano, doyen des cardinaux, a témoigné du « grand esprit apostolique » de celui qui a collaboré avec lui pendant près de quinze ans quand il était secrétaire d’État, et de la façon dont « il a dédié sa vie au Saint-Siège, à l’Église et au dialogue avec tous les hommes de ce temps ».
« Coopérer à la construction du monde dans une paix véritable »
« Il a suivi le chemin tracé par Vatican II dans Gaudium et spes », a-t-il salué, citant la constitution pastorale du concile : « Nous sommes tous appelés à être frères. Et puisque nous sommes destinés à une seule et même vocation divine, nous pouvons aussi et nous devons coopérer, sans violence et sans arrière-pensée, à la construction du monde dans une paix véritable » (§92).
« C’est ainsi qu’a travaillé notre regretté cardinal Jean-Louis Tauran », a-t-il conclu.
Le cardinal Tauran sera inhumé dans la basilique Saint-Apollinaire, le titre cardinalice du centre de Rome qui lui avait été confiée en 2003 par Jean-Paul II.
La Croix