La Chine veut remplacer ses présentateurs TV par des robots

Aucun domaine n’échappe à la substitution de l’homme par la machine. Pas même la télévision. La Chine met au point une intelligence artificielle capable de remplacer et de se confondre avec de véritables présentateurs.

Elle n’a pas encore de nom, mais elle a un visage. Xinhua, l’agence de presse de l’État chinois est en train de mettre au point une intelligence artificielle capable de présenter les informations des JT. Cette reproduction numérique ultraréaliste ressemble à s’y méprendre à de véritables journalistes de télévision. Et de fait, l’agence de presse n’a pas hésité à reproduire le physique de ses propres journalistes stars pour donner une apparence humaine à ses futurs robots. À l’œil nu donc, difficile de distinguer le vrai du faux. Après avoir visionné de nombreuses diffusions réelles, le programme informatique est capable de faire bouger les lèvres et les muscles du visage en fonction des mots prononcés. Haussement de sourcil, inclinaisons du visage, clignements des yeux, intonation… tout y est!

Cette très sérieuse expérimentation a un but, clairement affiché par Xinhua, l’agence chinoise. Comme toujours lorsqu’il est question de robotisation, l’idée est d’augmenter la productivité des présentateurs tout en réduisant les coûts de production de l’information. Une fois l’innovation mise au point, plus besoin de recruter ni de payer un humain pour s’exprimer sur les plateaux. Ces présentateurs 2.0 pourront par ailleurs retransmettre l’information 24 heures sur 24, sans roulement, voire intervenir sur différents supports ou différentes chaînes simultanément. Le retour sur investissement est donc bien là.

Plus réaliste que le robot humanoïde japonais Erica

L’expérimentation chinoise en rappelle une autre, effectuée dans un pays voisin. Au Japon, un robot humanoïde créé par Hiroshi Ishiguro devait présenter le journal télévisé national à partir d’avril selon des informations du Wall Street Journal. Nommée Erica et d’apparence féminin, il avait acquis la possibilité de réciter un texte écrit à l’avance et même d’interagir. Son aspect figé ne laissait néanmoins aucune confusion sur la nature robotique de la présentatrice pour les spectateurs. Outre-Atlantique, aux Etats-Unis, la chaîne The Weather Channel a quant à elle mis au point une réalité augmentée pour reproduire les intempéries en 3D autour du présentateur, qui reste néanmoins 100% humain. En France, si de telles innovations n’ont jamais vu le jour à la télévision, la SNCF a récemment opté pour donner un visage à Simone, la célèbre voix des gares. Mais l’avatar 3D, inspiré de l’univers du cinéma d’animation, n’a pas vocation à se confondre avec les hommes.

 

Car c’est toute la question, savoir ou ne pas savoir l’identité de celui qui parle. Les présentateurs virtuels vont inévitablement devenir de plus en plus sophistiqués au point qu’il sera parfois impossible de distinguer le vrai du faux sans interactions ni déplacement sur le terrain. Or, le jour où aucun spectateur ne pourra faire la différence, les chaînes opteront logiquement pour cette nouvelle solution plus rentable et moins coûteuse. Cette confusion entre homme et intelligence artificielle en amènerait une autre, nettement plus dangereuse. Dès lors qu’une chaîne ou une agence de presse d’État comme Xinhua, peut reproduire le physique de quelqu’un et lui faire dire tout ce qu’il veut, le risque d’instrumentalisation est grand!

 

Le Figaro.fr

F. Achouri

Sociologue.

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