Philippe Barbarin a été reconnu coupable de non-dénonciation d’atteintes sexuelles et condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, le 7 mars.
Le pape François a refusé, mardi 19 mars, la démission de Philippe Barbarin, plus haut dignitaire de l’Eglise de France condamné pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles. Le pape a notamment invoqué « la présomption d’innocence » pour justifier sa décision, a précisé le prélat français dans un communiqué.
Selon Mgr Barbarin, qui reste donc archevêque de Lyon, le pape François « m’a laissé la liberté de prendre la décision qui me paraît la meilleure pour la vie du diocèse de Lyon, aujourd’hui ».
« A sa suggestion et parce que l’Eglise de Lyon souffre depuis trois ans, j’ai décidé de me mettre en retrait pour quelque temps et de laisser la conduite du diocèse au vicaire général modérateur, le père Yves Baumgarten ».
Archevêque de Lyon depuis 2002, cardinal depuis 2003, primat des Gaules (titre honorifique conféré à l’archevêque de Lyon depuis le XIe siècle), Mgr Philippe Barbarin, 68 ans, a été reconnu coupable de non-dénonciation d’atteintes sexuelles et condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, le 7 mars. Le cardinal Barbarin avait annoncé le jour même qu’il allait remettre sa démission au pape tout en faisant appel de sa condamnation.
Il a répété durant le procès n’avoir « jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles ». Mais le jugement considère qu’il a choisi de ne rien dire aux autorités françaises « pour préserver l’institution » de l’Eglise, empêchant ainsi « la découverte de très nombreuses victimes d’abus sexuels par la justice ». Ses avocats ont fait appel et il faudra donc attendre le jugement de ce second procès pour connaître le sort définitif du prélat.
La conférence des évêques « s’étonne »
Le président de la conférence des évêques, Mgr Georges Pontier, s’est dit « étonné » de la situation « inédite » concernant le cardinal Barbarin, dont le pape a refusé la démission mais qui a annoncé mardi se mettre en retrait temporaire de son diocèse de Lyon.
« Je ne m’attendais pas à ce scénario qui est intermédiaire entre les deux scénario prévisibles », à savoir l’acceptation de sa démission par le pape ou son refus, a-t-il affirmé à l’Agence France-Presse, soulignant que cette situation « inédite » résultait du « conflit entre deux exigences », celle de « respecter le cheminement de la justice » et celle de « se préoccuper du bien du diocèce de Lyon ».
François Devaux, cofondateur de l’association La Parole libérée qui regroupe des victimes d’un prêtre pédophile, a jugé pour sa part que cette annonce du pape était « l’erreur de trop ». « Cela montre à quel point on a raison et que le problème est intrinsèque au dogme », a-t-il poursuivi, affirmant en outre que « cet homme-là (le pape) va réussir à tuer l’Eglise ».
Réputé proche de Mgr Barbarin, le pape argentin a longtemps pris personnellement la défense du cardinal français. Lorsque l’affaire avait éclaté en 2016, il avait déjà rejeté la démission du prélat, jugeant qu’elle serait « un contresens, une imprudence », avant l’issue de son procès.
Le Monde