Des milliers de personnes ont participé ce mardi à Istanbul à une prière funéraire à la mémoire de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi, enterré au Caire en toute discrétion et sous haute surveillance.
Alors que le président égyptien déchu Mohamed Morsi, décédé au tribunal lundi, a été enterré ce mardi au Caire en toute discrétion et sous haute surveillance, des milliers de personnes ont participé ce même jour à Istanbul, en Turquie, à une prière funéraire à sa mémoire. La Turquie de Recep Tayyip Erdogan était un des principaux soutiens de Mohamed Morsi, qui a passé près de six ans derrière les barreaux.
La cérémonie religieuse s’est tenue dans la mosquée historique Fatih, située sur la rive européenne de la mégalopole turque, rassemblant plusieurs milliers de personnes, certaines en larmes. Cette prière symbolique a été organisée par la Direction des Affaires religieuses en Turquie qui a appelé les principales mosquées du pays à organiser de telles cérémonies mardi. Mahmoud Hussein, un responsable des Frères musulmans dont était issu Morsi, l’opposant égyptien Ayman Nour, ainsi que de nombreux membres de la diaspora égyptienne à Istanbul étaient présents à la prière à la mosquée Fatih.
«Morsi est le président de l’Egypte, pas Sissi», a déclaré Mokhtar al-Achri, un Egyptien installé en Turquie depuis cinq ans, à l’AFP, en référence à l’actuel président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a renversé Morsi en 2013. «Sissi est un tueur, un meurtrier», a-t-il ajouté.
Lors d’un discours à Istanbul, Erdogan s’en est pris à l’«Occident» qu’il accuse d’avoir assisté passivement «au renversement de Morsi par un putsch, à ses souffrances en prison et à sa mort». Immédiatement après l’annonce de sa mort lundi, Erdogan avait rendu hommage au «martyr» Morsi et accusé les «tyrans» au pouvoir en Egypte d’être responsables de sa mort.
L’ONU souhaite une enquête «indépendante»
De son côté, le bureau des droits de l’Homme de l’ONU a réclamé une enquête «minutieuse et indépendante» sur la mort de l’ancien président égyptien. «Toute mort soudaine en prison doit être suivie d’une enquête rapide, impartiale, minutieuse et transparente menée par un organe indépendant afin de faire la lumière sur la cause du décès», a déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme.
«Comme l’ancien président Mohammed Morsi était détenu par les autorités égyptienne au moment de sa mort, l’Etat a la responsabilité de s’assurer qu’il était traité humainement et que son droit à rester en vie et à être soigné a été respecté», a-t-il rappelé. Ce dernier a toutefois souligné que «des inquiétudes» avaient été soulevées au sujet de ses conditions de détention et de son accès à des soins médicaux pendant sa détention. En mars 2018, une commission britannique indépendante, dirigée par le député conservateur Crispin Blunt, avait en effet dénoncé le maintien à l’isolement 23 heures par jour de l’ex-président, qui souffrait d’antécédents diabétiques et d’insuffisance rénale
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