Vesoul : une religieuse privée d’une place dans une maison de retraite en raison de son voile

Une maison de retraite de Vesoul (Haute-Saône) a refusé d’attribuer une place à une religieuse catholique parce qu’elle porte le voile et l’habit. Ce refus a été signifié en juillet dernier mais il a été rendue public en ce mois de novembre, au travers d’un édito rédigé par le curé de Vesoul dans le bulletin paroissial.

Celui-ci a dénoncé, selon France Bleu Besançon, une « christianophobie », estimant que le voile d’une religieuse « n’est pas le signe d’une soumission, mais d’une consécration ».

 

Un refus motivé par « la laïcité »

La religieuse, qui a passé toute sa vie dans un couvent de la Drôme, avait décidé de revenir dans sa région d’origine, en Haute-Saône, pour ses vieux jours. Après avoir pris contact, en octobre 2018, avec le Foyer logement de Vesoul, géré par le Centre communal d’action sociale (CCAS), elle dépose une demande mais, à son arrivée dans la commune en janvier 2019, elle apprend qu’elle est sur liste d’attente. La paroisse l’héberge au presbytère en attendant qu’une place se libère.

Au mois de juillet, le CCAS de Vesoul l’informe que sa demande a été acceptée et qu’une proposition de logement va lui être faite… à la condition qu’elle retire son habit religieux et son voile. « Dans le respect de la laïcité tout signe ostentatoire d’appartenance à une communauté religieuse ne peut être accepté en vue d’assurer la sérénité de toutes et de tous », fait part le CCAS dans le courrier.

La religieuse refuse de se plier à ces conditions et finit par trouver un logement avec l’aide de la paroisse via une agence immobilière. Sauf que cette femme, qui a passé sa vie en communauté, se retrouve seule dans un appartement à devoir être autonome pour faire ses courses et se faire à manger, ce qui révolte la paroisse. La religieuse a mal vécu cet épisode, « elle a eu un sentiment de rejet ».

 

Une affaire qui illustre « une dérive » du principe de laïcité

Contacté par France Bleu, le président du CCAS de Vesoul estime que l’affaire est aujourd’hui « classée ». « La religieuse a refusé la place qui lui était proposée, elle n’a pas voulu accepter le règlement intérieur qui est le même pour tout le monde », indique-t-on.

« Cette religieuse catholique a le droit de porter un voile chez elle et dans la résidence. La laïcité n’impose la neutralité qu’à l’administration et ceux qui exercent un service public », rappelle via Twitter le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, qui déplore « une dérive visant à neutraliser tout le monde en tout lieu, ce qui s’oppose à la laïcité ».

Saphirnews

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

Nos services s'adressent aux organisations publiques ( Loi de 1905) et aux organisations privées.

Articles recommandés