Confinement : voici comment les fidèles peuvent fêter Pâques, Pessah et le Ramadan depuis chez eux

Les croyants juifs, chrétiens et musulmans, doivent fêter Pessah, Pâques et le Ramadan confinés. Chaque communauté s’organise comme elle peut, quitte à créer quelques tensions.

Le 23 mars, Emmanuel Macron a prévenu les autorités religieuses que les fêtes religieuses d’avril ne pouvaient pas donner lieu à des rassemblements dans un contexte de confinement général. Les juifs, depuis mercredi soir, vivent ainsi Pessah, la Pâque juive, dans un contexte inédit, alors que les chrétiens s’apprêtent eux aussi à fêter Pâques depuis chez eux. Les musulmans seront concernés dans deux semaines puisque le Ramadan débute le 23 avril. Dans un tel contexte, les croyants s’organisent pour célébrer les fêtes malgré la menace du Covid-19.

 

Pour les chrétiens, en particulier les catholiques et les orthodoxes, la fête de Pâques est le sommet de l’année liturgique. Elle débute jeudi avec la célébration du dernier repas du Christ, se poursuit vendredi avec la messe de la Passion et se termine dimanche. Dans de très nombreux foyers français, cette fête est aussi un temps fort de la vie familiale.

Des prêtres catholiques seuls dans leur église

L’accès à toutes les messes a été interdite, mais plusieurs prêtres comptent, seuls, célébrer la messe dans leur église. Certaines paroisses proposent à leurs fidèles de suivre la messe en direct sur les applications Zoom, Skype ou Facebook.

Chez les catholiques, de nombreux diocèses réalisent en direct la retransmission des messes sur YouTube. La chaîne KTO retransmettra en direct toutes les messes qui auront lieu au sanctuaire de Lourdes, tandis qu’une « célébration spirituelle » au sein de Notre-Dame-de-Paris, un an après que l’édifice ait été ravagé par les flammes, sera visible vendredi sur BFMTV. Sur les ondes, la radio RCF, qui dispose d’antennes locales, diffusera également plusieurs messes.

 

La conférence des évêques de France propose en outre des méditations quotidienne tout au long de la Semaine sainte. Le diocèse de Troyes a innové de son côté en proposant de recueillir en ligne les intentions de prière des croyants afin de les transmettre, par voie électronique, aux prêtres.

A Rome, le pape François célébrera, quasi-seul, les messes de la Semaine sainte, celles-ci étant toutes retransmises en direct par les médias du Vatican et sous-titrées en plusieurs langues.

Chez les juifs, le débat sur l’usage des ordinateurs et tablettes

La Pâque juive a, elle, débuté mercredi soir par le Seder, un repas hautement symbolique qui est traditionnellement partagé en famille. Les célébrations doivent se poursuivre jusqu’au jeudi 16 avril au soir. Pour inciter les fidèles à s’en tenir au confinement, des opérations de communications se multiplient comme celle du Fonds social juif unifié (FSJU) qui a sollicité des stars comme Patrick Bruel, Gad Elmaleh et Michel Boujenah, lesquelles appellent à rester à la maison.

Depuis plusieurs semaines, plusieurs rabbins appellent les fidèles à utiliser les applications mobile, et notamment Zoom, qui rencontre un grand succès au sein de la communauté selon l’AFP. Une solution ne fait toutefois pas l’unanimité.

 

En Israël, un violent débat a opposé les utilisateurs des applications de visioconférence aux ultra-orthodoxes. La loi juive (halakha) proscrit en règle générale l’usage de l’électricité pendant les fêtes. Fin mars, en Israël, un entrepreneur a voulu installer 10.000 ordinateurs chez des personnes âgées pour leur permettre de participer aux fêtes religieuses. Mais il a voulu savoir si son initiative était compatible avec la loi juive.

Saisis sur le sujet, 14 rabbins ont émis un « psak », un avis religieux, dans lequel ils ont estimé qu’il était licite d’utiliser un ordinateur pour célébrer Pessah avec des personnes âgées et/ou malades. Mais le grand rabbinat d’Israël s’est opposé à cet avis, invitant à utiliser l’ordinateur et autres tablettes la veille du jour férié et non le jour férié lui-même.

Des distributions de repas pour les musulmans

Après les juifs et les chrétiens, viendront les musulmans qui, du 23 avril au 23 mai, vont faire le Ramadan. Dans un communiqué, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a estimé que le jeûne lui-même, observé le jour, ne sera pas un problème car celui-ci « dépend intrinsèquement et individuellement de chacun là où il se trouve ».

Le problème, pour les fidèles musulmans, vient de la rupture du jeûne, chaque soir, quand toute la famille se retrouve pour partager le repas. Le CFCM propose d’ores et déjà de nombreuses alternatives, comme des « distributions de repas répondant aux restrictions en vigueur » et en accord avec les autorités locales, notamment pour les plus démunis.

Le confinement renvoie en tout cas une partie des fidèles, les personnes âgées notamment, à leur solitude. Les évêques de France, pour les catholiques, tout comme le CFCM, pour les musulmans, ont mis ainsi en place des numéros d’écoute dédiés. Comme l’indiquait mercredi Télérama, une plateforme de consultation psychologique, créée par plusieurs institutions juives après les attentats de janvier 2015, a aussi été réactivée. « Nous recevons beaucoup d’appels, il y a un effet de sidération », explique sur le site du journal Richard Odier, le directeur du FSJU.

 

Le JDD.fr

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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