Un tribunal berlinois a appuyé sa décision sur le « principe de neutralité », qui stipule que les enseignants ne doivent pas porter de signes religieux manifestes.
La décision était très attendue par l’opinion publique allemande. Un tribunal berlinois a interdit mercredi 9 mai à une jeune enseignante musulmane de porter le voile pendant les cours comme elle le souhaitait. La ville-État, défendue par Seyran Ates, une avocate féministe de renom, s’est appuyée pour obtenir gain de cause sur le « principe de neutralité » dans la capitale allemande : il stipule que les policiers, enseignants et personnels de justice ne doivent pas porter de signes religieux manifestes tels qu’une croix, une kippa ou le voile.
Dans son jugement, la juridiction des prud’hommes de Berlin a estimé que la plaignante n’avait pas été victime d’une discrimination en raison de sa religion. Le principe de neutralité invoqué par la ville de Berlin est donc à ses yeux conforme à la Constitution allemande. La liberté de religion de la jeune femme ne doit pas primer « sur l’intérêt de l’État régional de Berlin à organiser les écoles primaires [selon le principe] de la neutralité religieuse », ont encore argumenté les juges berlinois.
Suspendue dès sa première journée de travail
La jeune femme déboutée peut encore interjeter appel. Elle avait porté plainte parce qu’elle voulait enseigner dans une école élémentaire avec son hijab. La ville de Berlin avait embauché la jeune femme, actuellement en congé parental, l’an dernier. Mais à l’issue de sa première journée de travail, elle avait été suspendue de ses fonctions et transférée dans un établissement d’enseignement professionnel pour assurer les cours d’une « classe d’accueil » pour les enfants réfugiés. Pour les écoles traditionnelles, ce principe de neutralité s’arrête dans les classes où les élèves ont plus de 16 ans. Dans une autre procédure, la jeune femme réclame des dommages-intérêts à la Ville de Berlin, s’estimant discriminée en raison de sa religion.
Le port du voile dans les institutions publiques diffère d’un État régional à l’autre. La Bavière a ainsi fait récemment sensation en annonçant que des crucifix devaient être accrochés dans tous les bâtiments publics gérés par la région.
AFP