À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, une infirmière a été licenciée pour avoir porté le calot, qui est pourtant une pratique courante dans les hôpitaux. Une décision qui révèle la politique islamophobe des hôpitaux, qui mènent la chasse aux couvre-chefs contre les soignantes musulmanes ou perçues comme telles.
Selon des révélations de Mediapart, Majdouline B., infirmière depuis sept ans à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, a été licenciée ce 10 novembre après de nombreuses convocations qui ont abouti à un conseil disciplinaire. La raison de ce licenciement ? Le port du calot, pourtant pratique courante dans les hôpitaux. Le cas de Majdouline n’est pas isolé et vient illustrer une chasse aux couvre-chefs, qui vise les personnes musulmanes ou perçues comme telles, menée dans les hôpitaux depuis plusieurs années.
En 2019 déjà, le tribunal de Montreuil avait jugé que le port du couvre-chef hors des endroits où cela est recommandé « pouvait signifier une appartenance religieuse » et justifier d’éventuelles sanctions, voire une exclusion. En octobre 2023, la direction de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière avait durci la politique au sein de l’établissement. À l’époque, l’hôpital avait diffusé un « guide de laïcité » qui estimait que « le port d’une charlotte […], en dehors des situations dans lesquelles elle est requise pour les besoins du service, peut constituer l’expression d’une appartenance religieuse et, ainsi, un comportement professionnel fautif ».
Un an plus tard, en décembre 2024, la direction de l’hôpital a renforcé sa politique en faisant signer une « Charte de la laïcité dans les services publics » au personnel soignant. Plus récemment, ce fut au tour du centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy de renforcer ses politiques sur les tenues professionnelles avec un nouveau livret indiquant que « les coiffants […] ne doivent pas être portés en dehors de l’activité de soin ».
Blandine Chauvel, élue Sud Santé à la Salpêtrière, explique à Médiapart qu’une véritable « chasse aux bonnets, aux bouts de tissu » est lancée par l’hôpital. Sans surprise, cette chasse aux sorcières vise « les personnes selon leur origine ou leur religion supposées ». Encore une fois, derrière les exigences de « respect de la laïcité », ce sont les soignants musulmans ou perçus comme tels qui sont attaqués.
Cette politique autour des couvre-chefs dans les hôpitaux n’est pas anodine. Le cas de Majdouline et tant d’autres personnels de l’hôpital s’inscrit dans un contexte national de surenchère islamophobe, où le gouvernement et l’extrême droite veulent sans cesse contrôler le corps des femmes.
D’ailleurs, alors même que le gouvernement commémore aujourd’hui l’anniversaire de la loi de 1905, cette date est une nouvelle fois instrumentalisée pour légitimer des politiques racistes et islamophobes.
Car c’est cette soi-disant « défense de la laïcité » qui a servi de justification à l’interdiction du voile intégral en 2010, à la possibilité de restreindre le voile dans les entreprises via le règlement intérieur en 2016, avant de franchir une nouvelle étape avec la loi « séparatisme » en 2021.
C’est la même logique qui a également permis l’interdiction de l’abaya dans les écoles en 2023 ou qui permet aux sénateurs républicains d’exiger « l’interdiction du voile pour les mineures ».
Cette « Charte de la laïcité dans les services publics » imposée à la Pitié-Salpêtrière s’inscrit pleinement dans cette dynamique : une instrumentalisation du principe de laïcité pour soutenir une véritable police islamophobe des vêtements des femmes musulmanes ou assimilées, désormais mise en œuvre directement au sein des services hospitaliers, comme le montre le licenciement de Majdouline.
Dans le même temps, les gouvernements successifs ne cessent de s’attaquer à l’hôpital public avec des milliards de coupes budgétaires annoncées pour l’hôpital et l’ensemble des services publics, avec en dernier exemple le budget ultra-austéritaire de la Sécurité sociale proposé par le gouvernement pour 2026. Aux conditions de travail toujours plus dures pour le personnel soignant s’ajoutent donc désormais de véritables chasses aux sorcières racistes qui peuvent aller jusqu’aux licenciements. Face aux attaques austéritaires et islamophobes du gouvernement et relayées par les directions des hôpitaux, il est urgent que les travailleur·euses de la santé s’organisent, en articulant revendications sociales et mots d’ordre anti-racistes.
C’est précisément une telle perspective défend Révolution permanente avec la liste menée par Ariane Anemoyannis aux municipales dans le 13e arrondissement, où se situe l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Il est urgent d’opposer à cette politique dans la santé, directement inspirée de l’extrême droite, un autre modèle de société, avec un système de santé de qualité financé grâce aux fortunes du grand patronat, qui soit gratuit, ouvert à toutes et tous et qui ne tolère en son sein aucune discrimination raciste ou fondée sur l’appartenance religieuse.
Révolution Permanente
