Ce mercredi, l’audience générale a pris des accents interreligieux exceptionnels. Il y a tout juste 50 ans paraissait en effet la déclaration Nostra Aetate sur les rapports entre l’Eglise catholique et les autres religions. Un demi siècle plus tard, plusieurs membres de ces religions étaient présents ce mercredi place Saint-Pierre pour célébrer cet événement. Le pape François a rendu hommage aux fruits de Nostra Aetate, un texte décisif qui marque encore le dialogue de l’Église avec les autres croyants.
« Le Concile Vatican II fut un temps extraordinaire de réflexion, de dialogue et de prière pour renouveler le regard de l’Église sur elle-même et sur le monde », a expliqué le pape, qui a souligné combien la déclaration Nostra Aetate était toujours d’actualité. François en a rappelé des points essentiels comme la recherche commune des religions d’un sens à la vie, l’unicité de la famille humaine, la recherche de Dieu et de l’Absolu à travers les différences ethniques et culturelles, ou encore le regard d’estime que l’Église porte sur les croyants des autres religions, leur engagement spirituel et moral.
L’Église est ouverte au dialogue avec tous, a redit le Souverain Pontife, tout en restant fidèle à la vérité en laquelle elle croit, à commencer par le Salut offert à tous les hommes en Jésus. Le pape a rappelé aussi les fruits du dialogue interreligieux depuis la première rencontre d’Assise en 1986, soulignant que « cette flamme allumée à Assise s’était étendue au monde entier et constituait un signe permanent d’espérance. »
Respect et estime d’autrui
En relisant l’histoire des rapports interreligieux, le Saint-Père a souhaité, en particulier, rendre grâce à Dieu pour la transformation du dialogue judéo-chrétien, passé d’une attitude de défiance, voire de franche hostilité, à une collaboration et une bienveillance réelles. « D’ennemis et étrangers nous sommes devenus amis et frères », a-t-il expliqué, rappelant combien Nostra Aetate avait permis de redécouvrir les racines juives du christianisme. Ce respect et cette estime mutuels vaut aussi pour les autres religions, a poursuivi le pape, en particulier l’islam. « Le dialogue dont nous avons besoin ne peut qu’être ouvert et respectueux, et ainsi se révéler fructueux », a dit François précisant que les finalités de dialogue consistaient à respecter chaque individu dans son droit à vivre, sa liberté de conscience et de pensée, et sa liberté religieuse.
Comme il l’avait dit dans son discours devant le Congrès américain le 24 septembre dernier, le Saint-Père a souligné qu’aucune religion n’était à l’abri de déviances fondamentalistes ou extrémistes, mais qu’il était essentiel de regarder les valeurs positives qu’elles vivent et proposent.
Face aux grands défis du monde, corruption, crise morale, de la famille, crise économique et financière, les religions n’ont pas de réponses toutes faites, a enfin souligné François, mais ont un trésor commun, la prière. « Puisse notre prière adhérer pleinement à la volonté de Dieu qui désire que tous les hommes se reconnaissent et vivent comme frères », a-t-il conclu.
Le cardinal Tauran promeut « la recherche commune de la paix »
Et auparavant, lors de cette audience particulière, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a pris la parole. Il a rappelé que, lors du Concile Vatican II, l’Église avait commencé « à inviter ses membres à promouvoir des relations de respect, d’amitié et de dialogue avec des personnes d’autres religions. »
Des relations qui sont au cœur d’une conférence qui se déroule actuellement à Rome au sein de l’université pontificale grégorienne. Le cardinal Tauran a déclaré à ce propos que « dans notre recherche commune de la paix, la promesse du prophète Isaïe nous donne de l’espoir »: « sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples. »
« De ce chemin vers cette montagne qui, jusqu’alors était une montée difficile, mais toujours exaltante, lors de ces cinquante dernières années (…) nous sommes les témoins, les héritiers et les protagonistes », a expliqué le président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux.
Il en a profité également pour remercier le pape et « son lumineux témoignage », qui « encourage à poursuivre la route du dialogue interreligieux, allant à la rencontre des autres croyants avec une claire conscience de notre identité. » Il l’a remercié aussi pour ses encouragements à « travailler pour la paix, éliminant les injustices et les inégalités, et à prendre soin de notre maison commune. »
Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens, s’est lui aussi exprimé. Il a insisté sur le dialogue entre les chrétiens et les juifs (un dialogue qui s’intègre dans l’œcuménisme, et dépend donc de son dicastère) en évoquant l’amitié entre Jean XXIII et l’historien juif français Jules Isaac qui, suite au traumatisme de la Shoah, avait invité les catholiques à sortir de « l’enseignement du mépris ». Le cardinal Koch a rappelé que le Concile Vatican II avait mis en évidence « les racines juives de la foi chrétienne » et « le grand patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs ».
Appel pour le Pakistan et l’Afghanistan
Et à la fin de l’audience, le pape a lancé un appel pour les populations du Pakistan et de l’Afghanistan frappées par un fort tremblement de terre qui a causé la mort de nombreuses personnes et provoqué de graves dégâts. Le pape les a assurés de sa solidarité et a demandé aux fidèles de prier pour que Dieu soulage les victimes et leur donne courage dans l’adversité. Mardi, au nom du Saint-Père, le cardinal Parolin a envoyé un télégramme au nonce apostolique au Pakistan.
Radio Vatican