Cérémonie du Vesak : les bouddhistes français partagent leur foi

Tous les ans, les bouddhistes célèbrent le mois du Vesak. La cérémonie commémore la naissance, l’Éveil et le parinirvana du Bouddha Shakyamouni. Son point culminant est la Veillée des lumières, le jour de la pleine lune. Le 14 mai dernier, l’Union bouddhiste de France organisait cette célébration dans la Grande Pagode du bois de Vincennes. Une cérémonie œcuménique où les différentes branches du bouddhisme ont côtoyé les représentants d’autres religions.

 

Le Bouddha trône paisiblement pendant que les fidèles entrent tour à tour dans la Grande pagode du bois de Vincennes. Les kesas (robes bouddhistes) se mêlent aux jeans, costumes et soutanes. Élus et représentants catholiques, protestants et orthodoxes sont venus partager avec les bouddhistes la Veillée des lumières, point culminant du mois du Vesak, le jour de la pleine lune. Le lama Dagpo Rinpotché, exilé tibétain (au centre) et Marie-Stella Boussemart, présidente de l'Union bouddhiste de France (à droite) pratiquent le bouddhisme tibétain|| © Matthieu Stricot

La cérémonie commémore la naissance, l’Éveil et le parinirvana  (douzième et dernier acte de la vie terrestre) du Bouddha Shakyamouni. « Des célébrations parallèles ont lieu ailleurs dans le monde », rappelle Marie-Stella Boussemart, présidente de l’Union bouddhiste de France. Son crâne est rasé et sa kesa ocre comme toute nonne bouddhiste ; néanmoins, Marie-Stella n’est pas asiatique. « Je suis française d’origine et bouddhiste par choix », affirme-t-elle. Sur le million de bouddhistes français, deux tiers sont d’origine étrangère. Les autres sont des Français convertis.

« Le Bouddha nous renvoie à nos responsabilités et change notre regard sur les autres, explique la présidente. Il insiste sur le potentiel que tout le monde a et ne demande qu’à être développé. À chacun de trouver sa voie par un travail sur soi. »
Marie-Stella n’oublie pas de saluer son maître assis à sa droite : le lama Dagpo Rinpotché, exilé tibétain âgé de 82 ans. « C’est grâce à lui qu’a été créée la section tibétaine en France. » Ce soir, le courant tibétain partage la Grande Pagode avec les nombreux courants du bouddhisme.

Couleur, encens et chants

Deux minutes de silence complet annoncent le début des rituels. L’assemblée patiente sous les drapeaux bouddhiques aux cinq couleurs. Chacune représente les sources de perfectionnement indispensables à la pratique bouddhique : bleu pour la méditation, jaune clair pour la « pensée juste », rouge pour l’énergie spirituelle, blanc pour la foi sereine et orange, synthèse des autre autres couleurs et qualités. Ces cinq couleurs se seraient dégagées du Bouddha au moment de son Éveil.

L’encens imprègne l’atmosphère. Trois moines s’agenouillent devant la statue du Bouddha. Adeptes de la branche theravâda, ils représentent le Laos, le Cambodge et la Thaïlande. Mains jointes, ils récitent des sûtras. Entre chaque prière, ils font retentir le gong puis s’inclinent. Leur succèdent deux sœurs de la branche mahâyâna représentant « la terre pure de Chine ». Pas de gong. Une voix aigüe contraste avec l’autre, plus grave. Les autres groupes de la branche mahâyâna enchainent. Zen japonais pour commencer, dans leurs robes noires et ocre. Les Vietnamiens sont ensuite représentés par les sœurs du village des Pruniers et la pagode d’Orsay. Aux bouddhistes tibétains de clore la partie rituelle. La voix d’une soliste monte vers le sommet de la pagode. Son sûtra est reprise en chœur par les adeptes.

Le silence revient. Pour la présidente de l’Union bouddhiste, l’heure est venue aux « dédicaces pour les actions de bien dans le passé, le présent et le futur ». Elle cède pour cela la parole au frère dominicain Thierry-Marie Courau. Celui-ci remet une lettre du cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et assure que « la fraternité est la route et le fondement pour la paix ». Avec un grand sourire, le dominicain embrasse Marie-Stella avant de souhaiter que « chacun connaisse la joie et le bonheur dans la détente ».

Mais les fidèles du Bouddha sont eux aussi soumis aux contraintes temporelles. La nuit est tombée et la Grande Pagode doit être rangée avant 22h. Il ne reste plus qu’à regagner la sortie. La pleine lune brille au dessus du bois de Vincennes.

 

 

Le Monde des Religions

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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