Le pape François se rend vendredi 10 juillet au Paraguay, troisième et dernière étape de son voyage en Amérique latine, après l’Équateur et la Bolivie.
Partout, il défend la protection de l’environnement, une cohésion sociale en collaboration avec l’Église et il incite les communautés chrétiennes à retrouver leur élan missionnaire.
Son voyage fait aussi ressortir les racines communes aux « pays frères » visités.
Visiter trois petits pays parmi les plus pauvres d’Amérique latine plutôt que les géants du continent fait déjà du voyage du pape François, qui se poursuit jusqu’à dimanche 12 juillet, constitue un message évangélique en soi. S’y ajoutent, à travers les discours, homélies et autres interventions publiques, des thèmes récurrents, que le pape les prononce en Équateur, en Bolivie ou au Paraguay, où il est attendu à partir de ce soir.
Écologie intégrale
La défense de l’environnement ou plus largement celle d’une « écologie intégrale » sert de premier fil conducteur aux allocutions du pape François. De quoi donner à ce voyage des allures de tournée promotionnelle ou plutôt d’explication de texte de sa toute récente encyclique sur le sujet, Laudato si’.
À son arrivée aux aéroports de Quito comme de La Paz, il a commencé par s’émerveiller de la variété de la physionomie des pays traversés. C’est devant le monde éducatif de la capitale équatorienne, le 7 juillet, qu’il est entré dans le vif du sujet. « L’exploitation des ressources naturelles, si abondantes en Équateur, ne doit pas viser le bénéfice immédiat », a-t-il recommandé alors que le Vatican réunit de nouveau ce mois-ci des dirigeants d’entreprises extractives sur le sujet.
« Il est urgent que nous posions les bases d’une écologie intégrale, qui comprenne clairement toutes les dimensions humaines dans la résolution des graves problèmes socio-environnementaux de nos jours », a-t-il repris le lendemain à la cathédrale de La Paz, où il a dénoncé la tendance à chercher le « bien-être » plutôt que le « bien commun ». Dans la droite ligne de son encyclique, il lie la sauvegarde de la planète à la lutte contre la misère.
Cohabitation citoyenne
Des défis inséparables qui appellent « un esprit de collaboration citoyenne, de dialogue et de participation des individus et des acteurs sociaux dans les questions qui intéressent tous », comme le pape l’a résumé à son arrivée dans la capitale bolivienne avant-hier. Destiné à la planète entière, le message écologique de son voyage est ainsi assorti d’une leçon de « cohabitation citoyenne », selon son expression, qu’il donne à la lumière de la doctrine sociale de l’Église. « De la fraternité vécue en famille naît la solidarité dans la société, qui ne consiste pas uniquement à donner à qui est dans le besoin, mais à être responsable les uns des autres », a-t-il souhaité, devant la société civile à Quito.
Cette solidarité s’annonçait au cœur de la deuxième édition de la « rencontre de mouvements populaires », que le pape François devait clôturer hier soir par une longue intervention très attendue, dénonciatrice des excès du système économique mondial, en présence du président bolivien, Evo Morales, à Santa Cruz (Lire La Croix d’hier). Le rendez-vous réunit des organisations, catholiques ou non, qui militent ensemble en faveur de l’économie sociale et solidaire et pour aider les plus vulnérables, comme les victimes des trafics d’êtres humains.
Évangélisation
L’implication de l’Église catholique dans ces rencontres illustre la volonté du pape François de l’associer davantage concrètement à la recherche de solutions créatives aux problèmes de société. Valable partout, le message a visé en particulier l’Équateur et la Bolivie, où le pouvoir présidentiel connaît une dérive autoritaire. Le pape n’a pas manqué de glisser quelques piques à ce sujet dans ses interventions en Équateur. À La Paz, il s’est posé en défenseur d’un dialogue non agressif entre la Bolivie et le Chili, à qui Evo Morales réclame un accès à la mer.
Une Église profondément ancrée dans la société civile exige aussi qu’elle se mette « en état de mission », le troisième message du pape en Amérique latine. L’évangélisation a été au cœur de son homélie à Quito le 7 juillet. Elle sert de devise aux visites dans les trois pays. Le pape veut « promouvoir l’épanouissement de la spiritualité et de l’engagement chrétien en œuvres sociales », comme il l’a expliqué à La Paz.
Le voyage souligne à cette fin l’œuvre sociale historique et actuelle des jésuites, comme attendu au Paraguay. Cette mémoire commune, un même patrimoine de foi, participe aussi à forger l’esprit de « grande patrie » entre pays latino-américains. Un esprit de « pays frères » que le pape argentin développe par ce déplacement en trois étapes à travers son continent. En somme, un rappel des racines chrétiennes de l’Amérique latine.
La Croix