Sur sa rampe de lancement depuis quelques années en France, la finance islamique, cette alternative éthique aux dérives spéculatives du capitalisme, continue de creuser son sillon, bravant toutes les campagnes de dénigrement à la française, si peu pragmatiques et tellement irrationnelles, pour apporter son supplément d’âme dans les grands placements.
Alors que Londres se targue d’être la place forte incontestée en la matière, l’Hexagone, lui, résonne de son habituelle névrose face à la percée de la finance conforme aux préceptes de la loi islamique, considérée comme un cheval de Troie de l’islamisme rampant. Aussi, la création de deux contrats d’assurance-vie « charia compatible » consolident-ils les bases de cette finance à nulle autre pareille, sur le long fleuve tumultueux qui agite la République, et au-dessus d’une laïcité aussi dogmatique que contre-productive…
Emboîtant le pas au précurseur Swiss Life, qui a lancé son contrat Salam cet automne, Vitis Life, une compagnie luxembourgeoise propriété d’investisseurs qataris, propose aux résidents de l’Hexagone le contrat Amâne Exclusive Life, deux contrats spécifiques, très attachés à leurs valeurs et à leurs différences.
Respectueux des interdictions islamiques, ces fonds en euros, qui ne délivrent aucun rendement, ne peuvent pas investir en en obligations (l’intérêt défini à l’avance n’est pas conforme), ni dans des entreprises exerçant des activités « haram », telles que le jeu, le sexe, l’alcool, et sont étrangers à toute spéculation. Si Amâne exige une souscription de départ substantielle, qui n’est pas accessible à toutes les bourses (250 000 euros minimum), le contrat Salam et sa mise de départ minimum de 3 000 euros est moins sélectif, preuve en est son bon démarrage dont se félicite la direction de Swiss Life : « Nous avons commercialisé plus de 200 contrats en quelques semaines, surtout auprès de professionnels libéraux, de cadres, de chefs d’entreprise et de joueurs de foot, avec des versements libres de 50 000 euros en moyenne », a indiqué Vincent Liégeon, directeur commercial de Swiss Life, dans un entretien au Monde.
Forte de ces premiers résultats encourageants, la société Swiss Life, qui n’a pas minimisé les risques encourus en terme d’image en s’aventurant hors des sentiers battus de la finance conventionnelle, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et réfléchit déjà à la création d’un compte courant rémunéré, estampillé non pas « communautariste », n’en déplaise aux nombreux esprits chagrins, mais plus noblement et authentiquement « finance islamique ».
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