Discrimination à l’embauche : les profils Facebook interrogés

Il y avait déjà l’âge, le sexe, l’origine, l’apparence, le handicap… Le profil Facebook serait un facteur de discrimination à l’embauche supplémentaire, d’après une étude réalisée par trois chercheurs en sciences économiques de l’université Paris-Sud, et relayée par Le Monde.

C’est bien connu : quand un CV ne passe pas directement à la trappe, la première chose que fait l’employeur, c’est de « googliser » le candidat à l’embauche. Dans bien des cas, c’est le profil Facebook, le plus populaire des réseaux sociaux en France avec ses 26 millions d’inscrits, qui retient l’attention des recruteurs.

Pour tenter de mesurer l’impact des informations contenues dans les pages Facebook, Nicolas Soulié, Matthieu Manant et Serge Pajak ont répondu pendant un an à 837 offres d’emplois pour des postes de comptables basés en région parisienne, en envoyant des CV de candidats fictifs. A profil et expérience similaire, les seules différences entre ces candidats n’étaient visibles que sur leurs profils Facebook.

Pendant la première partie de l’étude, de mars à septembre 2012, les candidatures ont été envoyées aux noms de Stéphane Marcueil et de Thomas Marvaux. Les chercheurs ont spécialement créer de faux comptes Facebook correspondant aux noms des personnages de leur étude. Les pages Facebook contenaient des informations similaires (photos, diplômes, années d’expérience, lieu de résidence…), à l’exception du lieu de naissance et de la langue parlée. Le premier est né à Marrakech et parle l’arabe, tandis que le second est originaire de Brive-la-Gaillarde et pratique l’italien. Entre mars et septembre 2012, Stéphane Marcueil a obtenu 13,4 % de réponses positives, contre 21,3 % pour Thomas Marvaux – soit un taux 1,5 fois supérieur, un résultat statistiquement significatif.

Dans les mois suivants, entre octobre 2012 et mars 2013, les noms ont changé mais les profils Facebook sont restés les mêmes, et les résultats s’inversent : 13 % de réponses positives pour le candidat né à Marrakech, et 8 % pour celui originaire de Brive-la-Gaillarde. Un résultat imputable à la nouvelle présentation des pages Facebook selon les chercheurs, alors que la langue parlée, devenue une information secondaire, était devenue moins visible de ceux qui consultaient les profils.

« Le profil Facebook fait désormais partie d’un dossier de candidature. Les gens doivent en être conscients, et l’intégrer lorsqu’ils cherchent un emploi », avertissent les chercheurs.

 

Saphirnews

F. Achouri

Sociologue.

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