Juste avant Noël, le président recevra les représentants des cultes à l’Élysée, en présence des ministres de l’intérieur et de l’éducation
La réception des représentants des cultes à l’Élysée aurait dû initialement avoir lieu le vendredi 8 décembre. Mais la mort de l’académicien Jean d’Ormesson, auquel un hommage national fut rendu ce jour-là, avait contraint Emmanuel Macron a reporté l’événement.
C’est donc jeudi 21 décembre, quelques jours avant la fête de Noël, que les responsables religieux sont conviés au palais de l’Élysée. Traditionnellement, un tel rendez-vous a lieu dans le cadre des réceptions des vœux de nouvel an du chef de l’État. Mais Emmanuel Macron semble vouloir innover et ne pas consacrer tout le début d’année à enchaîner les cérémonies de vœux aux corps constitués, aux fonctionnaires et militaires ou aux forces vives de la société civile.
Une nouvelle instance de dialogue
Le président s’était par ailleurs engagé à installer, avant la fin de l’année, une nouvelle « instance informelle de dialogue et de concorde entre les autorités des principaux cultes ». Cet engagement figurait dans la feuille de route qu’il avait adressée à son ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, en septembre.
Gérard Collomb, qui sera présent jeudi, aux côtés du ministre de l’Éducation nationale, disposerait ainsi à l’avenir d’une instance qu’il pourra réunir en cas de besoin, après un attentat par exemple.
Cette initiative du nouveau président est symbolique de la « laïcité de liberté »qu’il entend promouvoir. La feuille de route, évoquant la loi de 1905, rappelait que ce texte garantit le droit de croire ou de ne pas croire : « Il convient d’appliquer strictement et pleinement les textes fondateurs, dans une volonté d’apaisement qui était précisément celle d’Aristide Briand, rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l’État… »
Ce que les religions attendent de la rencontre
Le rendez-vous de jeudi a été voulu comme « un moment d’échanges informels », selon un conseiller de l’Élysée, une rencontre organisée hors contexte d’actualité comme cela a pu dans le passé être le cas après des attentats.
Le président de la République pourrait redire sa conception de la place des religions dans la société, alors même que le climat est troublé par d’incessantes polémiques. L’ancien premier ministre Manuel Valls a lancé, ces dernières semaines, une offensive contre les intellectuels et politiques qui feraient preuve, selon lui, de complaisance à l’égard de certains courants islamistes.
Hommage au père Hammel
« Le président doit parler fort », affirmait le député de l’Essonne mi-novembre dans Le Parisien. Selon des sources médiatiques, le président pourrait consacrer un grand discours, en janvier, au thème de la laïcité. Avant et depuis son élection, Emmanuel Macron a eu toutefois maintes occasions de s’exprimer sur le sujet.
À plusieurs reprises, il a rendu un hommage appuyé à la contribution des religions à la vie en société. Le 26 juillet dernier, lors de la cérémonie d’hommage au père Jacques Hamel assassiné en 2016 à Saint-Étienne du Rouvray, Emmanuel Macron déclarait : « Elle est là aussi, la force de notre nation, dans cette capacité à entendre et faire siennes les paroles de fraternité et de charité que l’Église de France prononça voici un an ; dans cette capacité à réunir autour du corps supplicié d’un prêtre l’imam, le pasteur et le rabbin. »
Le 22 septembre, dans son discours aux protestants pour les 500 ans de la Réforme, le président soulignait : « La République ne vous demande pas de renier votre foi ou de l’oublier. Elle la reconnaît dans sa plénitude. » Sur ce terrain, il va plus loin que son prédécesseur, François Hollande.
Mais cette bienveillance est équilibrée par une fermeté sur la réalité de la menace islamiste. Le 29 août, lors de son premier grand discours de politique étrangère, devant 170 ambassadeurs réunis à l’Élysée, il faisait de la lutte contre le terrorisme la priorité de sa diplomatie et assurait : « Rien ne serait plus absurde que de nier le lien entre les actes terroristes que nous vivons et une lecture à la fois fondamentaliste et politique d’un certain islam. L’angélisme n’est pas de mise à cet égard. »
La Croix