Lundi 1er juin, les Églises catholique et protestantes d’Alsace ont répondu, point par point, à l’avis de l’observatoire de la laïcité, qui préconise de rendre optionnel le cours de religion à l’école en Alsace et Moselle.
Le 12 mai, l’Observatoire de la laïcité recommandait que l’heure hebdomadaire d’enseignement religieux dans les écoles publiques d’Alsace et de Moselle devienne non plus obligatoire du CP à la terminale, mais optionnelle, et puisse être abandonnée en cours d’année.
Lundi 1er juin, les représentants des Églises catholique et protestantes d’Alsace ont uni leurs voix pour proposer un argumentaire détaillé dans une déclaration commune. « Pas une posture défensive, mais une démarche d’explication pédagogique et bienveillante », précise Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg. Ils dénoncent cependant des obstacles posés par les autorités académiques, comme le seuil minimal de dix, et non plus cinq élèves, fixé à partir de septembre prochain, selon Mgr Grallet.
Pour les représentants des cultes, le caractère obligatoire de l’enseignement religieux serait conforme à la laïcité. Certes, ce cours impute une heure sur les 24 heures de cours par semaine, mais « les élèves ne sont pas tenus de le suivre » et ils auraient une réelle liberté de choix, puisqu’un cours de « morale » est prévu pour les dispensés. Dans la pratique, toutes les écoles ne le mettent pas en place, mais « occupent » les enfants pendant ce temps.
Un cours qui « vise l’acquisition d’une culture biblique et religieuse »
De même, ils affirment qu’il ne s’agit pas de catéchisme, car l’objectif de ce cours n’est pas la transmission de la foi, et l’on n’y prie pas : « Il vise l’acquisition d’une culture biblique et religieuse ». Mais pas seulement. « Les enseignants sont eux-mêmes des croyants, des témoins, tout en respectant la liberté de conscience de leurs élèves. Ils leur enseignent aussi des comportements de justice et de solidarité », complète Mgr Grallet, pour qui cette approche de la foi, subtile, est tout à fait possible.
Autre contre-vérité, selon eux : cet enseignement diviserait les élèves. Faux, estiment-ils, puisque certaines écoles primaires mêlent élèves catholiques et protestants, et une démarche vraiment interreligieuse, assurent-ils, est proposée dans de nombreux lycées. Mieux, l’expérience de l’enseignement religieux serait « une contribution intéressante au vivre ensemble et au dialogue entre familles de pensée » car « il n’est de pire danger, dans le contexte actuel, que l’inculture religieuse et la relégation de la religion dans la sphère privée ». Il reste un problème clé : toutes les religions, et notamment l’islam, n’ont pas accès à cette heure de cours. « Les représentants des cultes statutaires ne sont pas opposés à sa mise en place », rappellent catholiques et protestants, suggérant, dans ce cas, un tronc commun interreligieux dans chaque cours, qui resterait lui confessionnel.
La Croix