Des émeutes racistes visant les immigrés ont secoué la ville de Torre Pacheco, dans le sud-est de l’Espagne, après l’agression en pleine rue, le 9 juillet, d’un retraité par trois jeunes. Le sexagénaire a raconté aux médias avoir été frappé par des personnes d’origine maghrébine sans raison apparente, alors qu’il faisait sa balade matinale.
Après la diffusion de son histoire et de sa photo au visage tuméfié sur les réseaux sociaux, des groupes d’extrême droite ont instrumentalisé ce fait divers pour attiser les tensions dans cette ville de la région de Murcie, n’hésitant pas pour cela à lancer rumeurs et fake news. Un rassemblement pacifique organisé par la mairie le 11 juillet en soutien au retraité a dégénéré avec la présence de militants lançant ouvertement des slogans clairement xénophobes. Plusieurs nuits de violence s’en sont alors suivies, avec des affrontements qui ont provoqué plusieurs blessés.
Malgré une forte présence policière déployée dans la ville, de petits groupes d’individus d’extrême droite ont parcouru la ville dans l’intention de faire des ratonnades. Leur appel à la « vengeance » s’est traduit en une partie de chasse à l’homme ciblant principalement les Arabes, ce qui suscite naturellement la peur parmi les personnes d’origine nord-africaine. Ces dernières constituent environ le tiers des quelque 36 000 habitants de Torre Pacheco. La plupart sont issus de la diaspora marocaine et y vivent « depuis plus de 20 ans », a insisté le maire Pedro Ángel Roca Tornel.
Les autorités locales ont annoncé, lundi 14 juillet, avoir interpellé dix personnes dont trois suspects de l’agression contre le retraité. L’identité et la nationalité de ces derniers n’ont pas été dévoilées par la police. Un appel au calme a été lancé par la municipalité et les responsables politiques régionaux, assurant que les coupables de l’agression seront identifiés et punis. Cette actualité n’est pas sans rappeler des émeutes racistes ayant secoué l’Irlande du Nord en juin dernier.
A l’inverse des partis politiques de gauche qui se sont indignés des émeutes, le mouvement d’extrême droite Vox a jusqu’ici évité de condamner les violences. Son leader, Santiago Abascal, a même mis la faute de ces graves événements sur « l’immigration irrégulière » qui serait à la source d’une hausse de la criminalité en Espagne.
Le gouvernement espagnol a accusé Vox et ses alliés d’alimenter la haine contre les immigrés. « Le racisme est incompatible avec la démocratie. Ce qui se passe à Torre-Pacheco est un défi pour nous tous. Nous devons exprimer nos opinions, agir avec fermeté et défendre les valeurs qui nous unissent. L’Espagne est un pays de droits, non de haine », a réagi, lundi 14 juillet sur X, le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez.
Saphirnews