C’est une première en Allemagne, à marquer d’une pierre blanche notamment pour la communauté musulmane de Hambourg qui en est la première bénéficiaire : les jours fériés islamiques ont été officiellement reconnus par les autorités locales, au terme de cinq années de joutes, par trop passionnelles, et d’âpres tractations menées tambour battant par les associations musulmanes, que le vent de la polémique, souvent glacial et violent, n’a jamais fait vaciller.
Passant de la question qui fâche, creusant des abîmes d’incompréhension et de rancœur, à un accord qui a fait consensus, consolidant la passerelle du vivre-ensemble, cette décision fébrilement attendue, et soumise en parfaite concertation à une période d’essai de cinq ans pour juger de son évolution, s’est inspirée intelligemment des compromis similaires scellés en 2007 avec la communauté juive et en 2005 avec les églises catholiques et protestantes.
L’époque où les musulmans de Hambourg étaient les parents pauvres des fêtes religieuses est désormais derrière eux, l’heure étant à la satisfaction pleine et entière d’avoir remporté une victoire politico-administrative qui n’est que justice pour tous les esprits éclairés, épris de tolérance, de concorde et d’équité.
Oubliées les réactions épidermiques et courroucées de certains ténors politiques proches de la chancelière Angela Merkel, à l’annonce de la requête maintes fois réitérée, sans jamais se décourager, par le président du Conseil central musulman, Aiman Mazyek, qui appelait à l’octroi de deux jours fériés, l’un au cours du mois sacré du Ramadan, et l’autre, lors de la célébration de l’Aïd el-Adha, la fête du sacrifice ! Balayées d’un revers de main les diatribes virulentes de Thilo Sarrazin, cet ancien politicien et membre du conseil d’administration de la Deutsche Bank, qui fulminait à la moindre revendication de ses concitoyens musulmans, considérant qu’y répondre tenait de la reddition devant « l’islamisme», fort de son succès de librairie qui a, hélas, fait frémir dans les chaumières : « L’Allemagne court à sa perte » !
Les salariés, étudiants, collégiens et écoliers musulmans de la deuxième cité phare d’Allemagne devront encore patienter quelques mois, jusqu’en 2016, pour pouvoir s’absenter en toute légalité et célébrer comme il se doit les principales fêtes religieuses du calendrier islamique, les plus jeunes qui empruntent le chemin de l’école ou planchent dans les amphithéâtres ayant droit à trois jours par an, avec l’obligation de rattraper les heures perdues.
Outre les jours fériés musulmans, l’accord de Hambourg, qui a déjà fait date dans les annales fédérales du poids lourd européen, prévoit également un éventail de mesures visant à encadrer les rites funéraires, les lieux de culte ou encore l’éducation religieuse. Une éducation religieuse, obligatoire en Allemagne, dont l’enseignement du Coran devrait dorénavant incomber à ceux qui sont les plus habilités à le transmettre, des professeurs musulmans, et non plus à des enseignants protestants qui étaient, jusqu’ici, les seuls autorisés à le faire.
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