Hécatombe après une attaque de Boko Haram dans le nord du Nigeria

      Au moins 85 personnes ont été tuées dans l’attaque qui a frappé samedi 30 janvier une localité proche de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, selon le dernier bilan des autorités. Les assaillants, des militants présumés du groupe islamiste Boko Haram, ont tiré sur la population de Dalori avant de mettre le feu au village.

« Au total, 65 corps ont été déposés à l’hôpital spécialisé, dix autres à l’hôpital universitaire de Maiduguri et 10 autres ont été enterrés (dimanche) dans le cimetière communautaire de Dalori », a précisé le docteur Haruna Mshelia, commissaire à la santé pour l’Etat de Borno.
L’agence nigériane de gestion des situations d’urgence (NEMA) a évoqué de son côté 65 morts et 136 blessés, dans un communiqué publié lundi. Mais un témoin qui a trouvé refuge à Maiduguri assure avoir vu à Dalori au moins 20 corps tellement brûlés qu’ils ne sont pas identifiables, et selon lui 15 villageois sont toujours portés disparus, laissant craindre un nouveau bilan plus important.

Le village se trouve à proximité de camps de déplacés ayant dû fuir face à l’insurrection de Boko Haram, qui a rallié l’organisation Etat islamique (EI). Située à une dizaine de kilomètres, la capitale de l’Etat de Borno, Maiduguri, a été frappée par de nombreux attentats ces derniers mois.
250 millions de dollars pour lutter contre Boko Haram

C’est dans cette localité qu’est apparu Boko Haram en 2002, avant de déclencher en 2009 une insurrection qui a fait plus de 17 000 morts au Nigeria. Les insurgés islamistes ont tenté de reprendre Maiduguri à plusieurs reprises après en avoir été chassés il y a trois ans.
Selon un décompte de l’AFP, plus de 1 700 personnes ont été tuées par Boko Haram depuis l’entrée en fonction du président Muhammadu Buhari en mai 2015. Dans son message du Nouvel An, le dirigeant a félicité l’armée pour avoir « freiné considérablement l’insurrection », ajoutant toutefois que « beaucoup de travail reste à faire dans le domaine de la sécurité ».
Les rebelles nigérians ont mené ces derniers mois plusieurs attaques dans les zones frontalières à l’intérieur du Cameroun et du Tchad voisins. Au Tchad, deux attentats-suicides ont fait, dimanche, 3 morts et 56 blessés dans deux localités de la région du lac Tchad, cible régulière d’attaques de Boko Haram.

Pour combattre les insurgés, les quatre pays riverains du lac Tchad – Nigeria, Cameroun, Tchad et Niger – ainsi que le Bénin ont mis sur pied une Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF) dotée de 8 700 militaires, policiers et civils. Des représentants de la communauté internationale, réunis lundi au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, ont promis de dégager 250 millions de dollars (231 millions d’euros) pour financer cette force multinationale dans sa lutte contre le mouvement islamiste.

 

Le Monde.fr

F. Achouri

Sociologue.

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