Une pleine page parue mardi 22 octobre 2013 dans la presse française sous le titre Non à la remise en cause de la circoncision, signée de Roger Cukierman, le président du Crif, de Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial et de Moshe Kantor, le président du Congrès juif européen. Des pétitions et des communiqués… Trois semaines après l’adoption, par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, d’une résolution abordant la question de la circoncision, les responsables religieux juifs et musulmans ne cessent d’exprimer leur inquiétude. En cause : une résolution adoptée le 1 er octobre par cette assemblée, qui réunit des élus venus des 47 pays membres du Conseil de l’Europe, sur « le droit des enfants à l’intégrité physique ». Dans ce court texte, voté par une large majorité, les parlementaires invitent notamment les États européens à « définir clairement les conditions médicales, sanitaires et autres à respecter s’agissant des pratiques qui sont aujourd’hui largement répandues dans certaines communautés religieuses, telles que la circoncision médicalement non justifiée des jeunes garçons ».
« Les principes fondamentaux de notre pratique religieuse semblent rognés ou remis en cause »
Juifs et musulmans s’indignent particulièrement du rapprochement entre « les mutilations génitales féminines » et « la circoncision de jeunes garçons pour des motifs religieux », répertoriées parmi les pratiques formant « une catégorie particulière de violations de l’intégrité physique des enfants ».
« Au fur et à mesure que les années passent, les principes fondamentaux de notre pratique religieuse et de notre liberté de croyance semblent rognés ou remis en cause », déplore Ariel Goldmann, le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Le 5 octobre, le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, dénonçait pour sa part « la décision scandaleuse prise par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) concernant la circoncision en la considérant comme mutilante pour les garçons et en la comparant à l’excision des petites filles ».
« Ce texte vise essentiellement à permettre l’exercice de la circoncision dans les meilleures conditions possibles »
Cependant, si elle représente bien une prise de position sur le plan politique, cette recommandation ne contraint en rien les États à l’appliquer. Ces dernières années, certains d’entre eux, comme l’Allemagne et la Suède, ont choisi de donner un cadre légal à cette pratique religieuse. En France, le Conseil d’État a estimé en 2004 (1) que la circoncision rituelle constituait une pratique religieuse dépourvue de tout fondement légal mais néanmoins « admise ». En tout, six députés et sénateurs français, membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, se sont prononcés sur ce texte, votant pour ou s’abstenant. Dans une lettre adressée dimanche au président du Crif, l’une d’entre elles, la socialiste Pascale Crozon, se veut rassurante. « Ce texte, écrit-elle, vise essentiellement à permettre l’exercice de la circoncision dans les meilleures conditions possibles au regard de l’intérêt médical de l’enfant, ce qui ne me semble poser en l’état aucune difficulté particulière en France mais peut en soulever dans les pays moins soucieux de protéger la diversité religieuse. »
Source : La Croix