C’est un coup de tonnerre dans le ciel politico-religieux du Qatar : le Sheikh d’origine égyptienne Youssef al-Qaradawi, cette figure théologique de référence et non moins controversée des Frères Musulmans, promu Mufti non officiel de l’émirat confetti du Golfe persique, vient d’être classé dans la liste rouge d’Interpol à la demande expresse des autorités égyptiennes, derrière lesquelles se cache la main de fer du tortionnaire Al-Sissi.
Comble de l’ironie dans l’écheveau des intrigues de la géopolitique, Al-Sissi, ce chef sanguinaire de la junte militaire qui a dépossédé Mohammed Morsi, le président démocratiquement élu, des rênes du pouvoir par la force, fait de Al-Qaradawi un ennemi public numéro 1, alors que lui-même est sous le coup de deux plaintes pour actes de torture et de barbarie déposées récemment au Palais de Justice de Paris.
Rejoignant ainsi, comme 40 autres partisans des Frères musulmans, la longue liste rouge d’Interpol, Youssef al-Qaradawi se retrouve en bien fâcheuse posture tout en devenant une épine dans le pied du Qatar, d’autant plus que les pressions extérieures exercées par l’Arabie saoudite et l’Égypte se font de plus en plus pressantes pour obtenir son expulsion.
Le Qatar qui, en septembre dernier, a prié sept membres éminents des Frères Musulmans de quitter son territoire, sentant le vent tourner et ne souhaitant plus passer pour l’allié systématique de la confrérie diabolisée et persécutée en Égypte, finira-t-il par livrer à Interpol un théologien devenu très embarrassant ? Là est la question, que ne se pose pas le redoutable despote Al-Sissi, dont les désirs sont des ordres dans le vaste jeu de dupes qu’est l’échiquier mondial.
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