La mauvaise surprise fut de taille pour une agence des pompes funèbres à Orléans (Loiret). Celle-ci a été la cible, dans la nuit du 24 au 25 octobre, d’un acte islamophobe qui oblige son gérant à fermer boutique. Abdessamad Errich témoigne pour la première fois pour Saphirnews
A Orléans et son agglomération, l’ambiance n’est pas franchement au top pour la communauté musulmane locale. Une entreprise de pompes funèbres musulmanes située dans le quartier populaire de La Source a été mise à sac, dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 octobre, apprend Saphirnews lundi 27 octobre.
Abdessamad Errich, le gérant de Muslim Assistance, n’en a pas cru ses yeux. Les dégradations, découvertes par lui-même en fin de matinée de samedi, sont d’une ampleur telles qu’il ne peut pas ouvrir son agence avant un moment. Et pour cause : il n’est pas question dans cette affaire de « simples » tags sur les façades du bâtiment ou la devanture de l’agence mais bien de l’intérieur qui a été saccagé.
Une fois passée « la porte légèrement entrouverte », Abdessamad Errich constate sur tous les murs la présence de plusieurs croix celtiques et nazies ainsi qu’une tête de cochon et des tags racistes dont « Islam dehors », « Ferme ou crève », « Sales Arabes », nous déclare-t-il, encore abasourdi par l’attaque subie, mais aussi fébrile. Avant notre appel, il déclare avoir reçu des appels anonymes « se vantant des tags ».
« Un acte ciblé » contre les musulmans
Les auteurs du vandalisme – s’ils sont bien plusieurs – sont passés « entre minuit », heure du départ d’Abdessamad Errich de l’agence, « et le début de matinée », par la porte de derrière, « qui donne sur un parc » et ne dispose pas d’une caméra à l’entrée. « Ils n’ont volé que le matériel de petite taille comme un ordinateur portable », constate-t-il. Cependant, ce qu’ils ne pouvaient pas emporter a été rendu « hors d’état d’usage » telle l’imprimante taguée ou encore la grosse photocopieuse « dans laquelle un liquide, du détergent, a été versé à l’intérieur ».
Pour M. Errich, qui ne signale aucun conflit avec le voisinage, il ne peut s’agir que d’un « acte ciblé et réfléchi » contre la communauté musulmane. La mosquée, placée à 500 m de Muslim Assistance, n’a toutefois pas été touchée. Une plainte a été déposée pour vandalisme et tags à caractère xénophobe.
Des menaces reçues par téléphone
Il déclare toutefois recevoir des menaces téléphoniques depuis septembre 2014, avec des messages du type « La valise ou le cercueil », assure-t-il. Mais il n’avait jusque-là pas porté plainte, pensant que c’étaient « des blagues de mauvais goût ». Et « je n’ai pas le temps, on a beaucoup à faire avec les familles ».
« Je ne pensais pas qu’on en arriverait à des actes », s’inquiète Abdessamad Errich. Face à la montée de la violence islamophobe qui n’a « plus de limites » selon lui, il appelle à la protection des lieux de culte et d’intérêts musulmans. Outre le soutien de la communauté musulmane locale, il déclare avoir reçu la visite du directeur de la police municipale, ainsi que des appels du maire et de son cabinet pour s’indigner contre cet acte islamophobe. Mais aucune communication officielle n’a été faite pour le moment.
Une agression contre le sacré, la mort
Heureusement, il n’y a pas eu mort d’homme. Personne ne se trouvait dans l’agence au moment des faits, auquel cas « ça aurait pu tourner mal », dit-il. Il arrive en effet que lui ou son associé soit d’astreinte des nuits dans l’agence afin de traiter les demandes de familles dont le décès survient la nuit. M. Errich est lui-même parti de son agence à minuit vendredi soir avant de rejoindre celle du centre-ville où il est resté jusqu’à 3 heures du matin.
Le montant des dégâts est évalué à « environ à 5 000 euros, entre le mobilier, le matériel volé et abîmé ». Quand bien même l’assurance va couvrir le sinistre, « on touche au sacré, à la mort chez les musulmans », lance-t-il. Son soulagement dans cette affaire : les archives et les dossiers de familles qui sont entre ses mains étaient en sécurité « dans une pièce fermée qu’ils n’ont pas réussi à ouvrir malgré des tentatives ». D’autre part, les originaux sont aussi conservés à son domicile. Une précaution que les familles sauront apprécier.
La fermeture de l’agence à La Source va durer le temps des travaux. Pour le moment, il a délocalisé son activité vers le centre-ville.
Saphirnews