Deux salariés du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) en France ont été placés en garde à vue mardi 13 mai, dans le cadre d’une enquête visant l’organisation pour « reconstitution, ouverte ou déguisée, d’une association dissoute ». Le CCIE, basé à Bruxelles, est né après la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) en 2020.
Près de cinq ans après cette décision controversée, confirmée par le Conseil d’Etat en septembre 2021, cinq personnes sont aujourd’hui soupçonnées de poursuivre les activités du CCIF. Leur domicile a été perquisitionné et des effets personnels saisis.
Cette affaire intervient moins de trois jours après les grandes manifestations contre l’islamophobie organisées en hommage à Aboubakar Cissé à l’appel de plusieurs organisations dont le CCIE.
« Ce qui est visé aujourd’hui, c’est la légitimité même d’une parole critique »
Ce dernier, qui réfute être l’ex-CCIF, s’est fendu, mercredi 14 mai, d’un communiqué dénonçant « les perquisitions et gardes à vue impliquant notamment ses membres fondateurs », des mesures « qui relèvent d’une tentative d’intimidation manifeste ».
« Le moment choisi pour mener ces perquisitions et gardes à vue n’a rien d’anodin. (…) Deux jours seulement après les rassemblements organisés contre la haine islamophobe en France, (…) le signal envoyé est glaçant. Alors que l’Europe est confrontée à une montée inquiétante de la violence islamophobe, les autorités françaises choisissent de cibler non pas les discours de haine, mais celles et ceux qui, depuis des années, s’efforcent de documenter cette haine et d’y résister par des moyens pacifiques et démocratiques », fustige l’association.
« Ces perquisitions ne sont justifiées par aucun fait grave et aucune menace imminente, leur fonction est clairement politique » et « visent à délégitimer un travail de terrain et un engagement auprès des victimes, à installer un climat de peur autour des initiatives qui dénoncent l’islamophobie », poursuit le CCIE, pour qui « il est urgent de défendre les libertés associatives et la possibilité, pour tous, de prendre part au débat public sans craindre la stigmatisation ou la répression ». Et de conclure : « Ce qui est visé aujourd’hui, c’est la légitimité même d’une parole critique. Nous appelons donc à la solidarité et au refus de toute normalisation de ces pratiques. »
Saphirnews