Karim, un syndicaliste menacé de licenciement parce qu’il n’est pas «Charlie»

Est-ce parce qu’il n’a pas voulu être « Charlie », le jeudi 8 janvier, ou parce qu’il est un syndicaliste particulièrement offensif que la direction de l’usine Bombardier, à Crespin, veut licencier Karim ? Pour la direction, pas de doute : « Il a eu des propos inacceptables, qui nous ont été remontés par des salariés. » On ne saura rien sur ces propos, mais ils sont liés au massacre des journalistes et dessinateurs de « Charlie Hebdo » du 7 janvier.

Une discussion a lieu le lendemain, à l’usine. La direction évoque une « altercation » entre Karim et les autres. Convoqué en fin de journée, ce salarié est mis à pied et sous le coup d’une procédure de licenciement. Cette procédure connaîtra une nouvelle étape ce vendredi, lors de la réunion du comité d’entreprise au cours de laquelle les élus devront se prononcer sur ce licenciement.

« Les accusations portées par la direction sont creuses, on n’a que des bouts de phrases et certains témoignages se contredisent », estime Rodrigue Louadoudi, délégué syndical SUD. À ses yeux, le salarié visé est « l’homme à abattre », victime d’une « cabale ». Parce qu’il est le secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), qu’il a fait fermer les cabines de peinture de Bombardier non conformes et qu’il a demandé la démission du directeur du site… « Avec n’importe quel autre salarié, cela aurait été la même chose, nous a-t-on répondu à la direction de Bombardier. Nous sommes deux mille, on doit maintenir l’harmonie dans notre site. »

 

La Voix du Nord

 

F. Achouri

Sociologue.

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