Laïcité : un guide pratique pour les dirigeants et les éducateurs sportifs

La ministre des sports, Roxana Maracineanu, publie un guide sur la laïcité dans le champ sportif qui articule l’affirmation de la liberté d’expression et la fermeté sur le respect de la loi.

Quoi de plus naturel pour une ministre de sport que de chercher une bonne position d’équilibre ? Sur le sujet hautement sensible de la laïcité, d’autres responsables politiques s’y sont cassé les dents. Ancienne championne de haut niveau et très sensible à la mission sociale du sport, Roxana Maracineanu publie, mercredi 19 juin, un guide pratique sur la laïcité à l’intention des acteurs associatifs – de l’éducateur au dirigeant de club –, des professionnels ou responsables publics.

Pas de législation spécifique au domaine du sport

Ce guide aborde de front des situations concrètes, ce qui est loin d’être simple au regard de la diversité des acteurs et des espaces, publics ou privés, concernés : le principe de neutralité s’applique-t-il de la même manière dans les ligues professionnelles et au sein des clubs amateurs ? Plus concret encore : qu’en est-il du port du voile dans une salle de remise en forme ou d’un signe de croix d’un sportif entrant sur le terrain ?

Le devoir de neutralité, rappelle également ce guide, s’impose à toutes les personnes travaillant dans l’administration, dans les structures exerçant une mission de service public (fédérations, ligues…) ou les établissements gérés par l’état ou les collectivités locales (stades…). Les bénévoles ou les « collaborateurs occasionnels du service public » ne sont pas concernés par cette obligation.

Sportifs professionnels ou amateurs

Pour les sportifs eux-mêmes, des limites à la liberté de manifester des convictions peuvent être imposées aux professionnels évoluant en équipe nationale, sur la base du code du sport. S’ils sont salariés par une fédération, le principe de neutralité s’impose. En revanche, pour les clubs professionnels et les sportifs professionnels, le régime juridique est celui du Code du travail.

Enfin, pour les clubs et pratiquants amateurs, la liberté de manifester ses convictions est reconnue sauf cas de prosélytisme, dans la limite du respect de l’ordre public, des règles de sécurité ou d’hygiène.

Cas pratiques

Venons-en aux cas pratiques :

Le port du voile dans une salle de fitness ? C’est oui. Un gérant ne peut l’interdire sauf pour des motifs d’hygiène et de sécurité.

Le port d’un turban sikh par un arbitre professionnel ? C’est non, car, bien que salarié de droit privé, il exerce une mission de service public.

Le port d’un burkini dans une piscine ? La loi laisse aux exploitants des établissements le soin de fixer des règles dans leur règlement intérieur.

La prière de joueurs d’un club amateur dans un vestiaire avant la rencontre ? C’est non. Gérées en général par des collectivités locales, les enceintes sportives ne peuvent être des espaces cultuels.

Le signe de croix (ou autre) d’un joueur professionnel entrant sur le terrain ? C’est oui. « Tant qu’il n’y a pas de trouble à l’ordre public ou de véritable prosélytisme », le sportif est « libre de manifester individuellement sa liberté de conscience ».

En ligne de fond, le guide appelle à la prudence : « Une mauvaise utilisation des termes pourrait rapidement conduire à certaines crispations ou tensions voire au repli (au risque d’aboutir à un effet inverse de celui recherché à avoir du vivre ensemble) », peut-on enfin y lire, dans un encouragement au dialogue.

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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