A l’approche de la rentrée scolaire, une note des services de l’Etat dont l’AFP a obtenu copie souligne une explosion des atteintes à la laïcité à l’école. Ces dernières ont augmenté de 120 % entre l’année scolaire 2021/2022 et 2022/2023. Le port de signes et de tenues représentent la majorité des atteintes, avec une augmentation des signalements de plus de 150 % sur un an.
« Notre école est testée. Ces derniers mois, les tenues religieuses comme les abayas ou les qamis ont fait leur apparition dans certains établissements, a déclaré, jeudi 23 août, le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, face aux recteurs d’académie. La fermeté de la réponse de l’école est mise à l’épreuve par ces nouveaux phénomènes, face aux coups de boutoir, face aux attaques, face aux tentatives de déstabilisation. Nous devons faire bloc. Et nous allons faire bloc. »
Le successeur de Pap Ndiaye leur fera « part de façon formelle et dans les tous prochains jours de la conduite à tenir pour la rentrée en la matière ».
« Renforcer la mixité socio-culturelle dans tous les établissements »
Pour expliquer cette hausse selon Europe 1, le ministère de l’Éducation nationale met en avant trois facteurs principaux : « une évolution significative au sein de la jeunesse de la place accordée à la religion », une « vision à l’anglo-saxonne de la laïcité » et « des pressions familiales et communautaires ».
Pour Nicolas Cadène, membre de l’association Vigie de la laïcité, « il y a un phénomène de mimétisme (des élèves) et une volonté parfois de déranger et de provoquer l’autorité dans une période adolescente, où ce sujet est systématiquement mis en avant ». Ce phénomène est « couplé néanmoins parfois à un repli identitaire réel » que cet expert de la laïcité explique sur X notamment par « un débat public sur l’identité parfois contre-productif lorsqu’il empêche le sentiment d’appartenance à la nation ».
« Il est constaté que pour prévenir ces atteintes, il faut renforcer la mixité socio-culturelle dans tous les établissements. De fait, partout où celle-ci est devenue effective, les atteintes ont considérablement baissé », a-t-il signalé.
Pour le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’abaya est « présenté à tort par certains comme un signe religieux musulman ». L’instance a néanmoins appelé, en juin, les réfractaires au cadre laïc de la République « à ne pas donner une raison de plus pour stigmatiser l’islam et les musulmans ».