Le film Noé, adaptation hollywoodienne du récit du Déluge par Daren Aronofsky, qui sortira en France mercredi 9 avril, est vivement critiqué par des responsables chrétiens américains et dans certains pays à majorité musulmane.
Noé, interprété par l’acteur Russell Crowe, est également un prophète dans l’islam et, à ce titre, ne doit pas être représenté. C’est du moins la conclusion de l’université Al-Azhar, la plus haute autorité islamique d’Égypte, qui a estimé que le film Noé était contraire à la charia, la loi islamique, et a appelé le comité de censure égyptien à interdire le film.
« Al-Azhar renouvelle son refus de toute projection représentant Allah, les messagers ainsi que les compagnons du prophète Mohammed », a déclaré l’autorité jeudi 6 mars. Le même jour, les comités de censure du Qatar, du Bahreïn et des Émirats arabes unis faisaient savoir aux studios Paramount qu’ils interdisaient également le film.
Images religieuses et chanson chrétienne
« Trop violent », « trop noir ». Les critiques pleuvent depuis plusieurs mois aux États-Unis provenant de milieux chrétiens, le plus souvent protestants. Certains à l’instar du créationniste Kenneth Alfred jugent que le film n’est pas fidèle au récit biblique.
Ces critiques perturbent la production : les studios Paramount, craignant de perdre à cause de cette polémique un large public, vient de tester une version alternative du film, révèle le quotidien britannique The Guardian mardi 11 mars. Cette nouvelle version commencerait avec un montage d’images religieuses et terminerait avec une chanson de rock chrétien. Et ce malgré l’opposition du réalisateur Darren Aronofsky (Requiem for a dream, Black Swan) à ces aménagements.
Dans une Lettre ouverte à Hollywood, une association de consommateurs croyants, majoritairement chrétiens, publiait une étude selon laquelle 98 % des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de l’appropriation par Hollywood de récits religieux.
Tweet au Pape
De peur d’un flop commercial, Paramount avait organisé en septembre et octobre 2013 des projections tests auprès de publics religieux (juifs à New York et chrétiens en Arizona) qui n’ont pas été concluantes selon The Hollywood Reporter .
Dès 2012, l’écrivain chrétien Brian Godawa avait déjà conclu après avoir lu le scénario qu’il s’attendait à un « gâchis de 150 millions de dollars, sans intérêt et pas fidèle à la Bible, et qui va ruiner pour des décennies la possibilité de faire un grand film captivant à partir de ce héros de la Bible », dans un texte posté sur son site le 29 octobre 2012.
La production a décidé, sur la demande d’une association chrétienne, d’ajouter aux supports de marketing du film la clarification suivante : « Ce film est inspiré de l’histoire de Noé. Si l’œuvre autorise quelques libertés artistiques, nous pensons qu’elle reste fidèle à l’essence, aux valeurs et à l’intégrité de cette histoire fondamentale pour des millions de croyants. L’histoire originelle de Noé peut être lue dans la Genèse. »
Dans la continuité de ces efforts, l’acteur Russell Crowe, oubliant que de nombreux détracteurs sont protestants, a envoyé un tweet au pape François, le 22 février 2014 : « Cher Saint-Père. Voulez-vous voir le film « Noé », de Darren Aronofsky ? Je suis sûr que vous allez le trouver fascinant. »
La Croix