Échec du référendum au Luxembourg hier.Une question n’y était pas posée, celle des cours de religion. Leur suppression a été décidée sans l’avis de la population.
Supprimer les cours de religion des écoles luxembourgeoises? Un temps, il avait été question d’interroger la population là-dessus aussi dans le référendum qui se tenait ce dimanche. Mais le gouvernement a renoncé à cette idée. Et a décidé d’imposer l’idée sans passer par l’assentiment de la population… qu’il n’aurait sans doute pas eue. On peut en tout cas le supposer au vu du «non» massif et impitoyable infligé hier par les Luxembourgeois aux trois autres projets de «modernisation» de leur pays.
Qu’à cela ne tienne. Pour la suppression du cours de religion ou de morale, le gouvernement a décidé. À la rentrée scolaire 2016, les petits luxembourgeois auront désormais un cours unique, intitulé «vie et société». Ce dernier remplacera le cours de religion catholique ou de morale. Le choix était laissé jusqu’ici entre ces deux options. On notera qu’à la différence de notre système, côté réseau officiel, les autres religions n’ont jamais été données dans les écoles du Luxembourg.
Massivement, dans un Luxembourg resté très traditionnel, les élèves suivent aujourd’hui un cours de religion catholique. Par habitude. Le cours de religion catholique servait aussi jusqu’ici de catéchèse au Luxembourg. Les enfants s’y préparaient à faire leur communion, sans autre «suivi» dans les paroisses elles-mêmes. Côté belge, les préparations aux communions, ou aux fêtes laïques, se font totalement en dehors des écoles.
Un cours unique de valeurs
Œuvrant au sein d’un gouvernement «arc-en-ciel» (réunissant libéraux, socialistes et écologistes), le ministre luxembourgeois de l’Éducation, Claude Meisch, a déjà posé les bases du futur «cours unique de valeurs». Ce cours réunira les élèves autour des grandes questions de la vie et de la société afin de leur offrir une éducation commune, fondée sur les valeurs indispensables pour construire le vivre ensemble». Ce n’est pas sans rappeler les «cours de citoyenneté» tels qu’ils sont débattus actuellement en Belgique francophone.
«On est très proche de la philosophie, a expliqué récemment Claude Meisch, en posant les bases du cours de «Vie et société». Je vois ce cours comme un atelier de réflexion.» Le professeur Jürgen Oelkers, de l’Université de Zurich, chargé d’élaborer le programme du nouveau cours assure qu’il n’est pas question d’évincer les religions de ce nouveau cours. «La religion appartient à la culture générale, sans quoi on ne peut pas tout comprendre», a expliqué le professeur Oelkers.
Une position qui ne fait pas vraiment l’unanimité dans la population luxembourgeoise. «On est quand même judéo-chrétiens au moins d’un point de vue culturel. Le cours de religion ne servait pas à dire aux enfants de prier mais transmettait des valeurs», déplore une maman.
Dans l’opposition, le parti social-chrétien (CSV) fait le forcing pour revenir à la situation actuelle et le maintien du cours de religion ou de morale. La Communauté portugaise, restée très catholique et qui constitue quelque 17% de la population luxembourgeoise, se montre opposée aussi. L’opposition de gauche quant à elle déplore que ce sont les mêmes professeurs de religion actuels qui prendront en charge le nouveau cours avec le danger que ce cours ne soit finalement qu’un retour à profession chrétienne.
L’avenir.net